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nicains, y prononça ses vœux en 1702, fut successivement professeur de philosophie au collége de Saint-Thomas à Douai ; en 1715, maître des étudiants ; en 1725, premier professeur du même collége, et enfin, en 1728, provincial de la province de Sainte-Rose. Billuart acquit une brillante réputation comme prédicateur et l’on rapporte qu’il prêcha en 1718 et 1719 avec tant de succès, que le comte de Tilly, gouverneur de Maestricht, voulut l’entendre. Ou lui doit un grand nombre d’ouvrages ; nous n’indiquerons que les principaux : 1° De mente ecclesiæ catholicæ circa accidentia Eucharistiæ, dissertatio unica, adversus Ant. Lengrand. Liége, 1715, in-12. — 2° Le Thomisme vengé de sa prétendue condamnation par la Constitution Unigenitus. Bruxelles, 1720, in-12. — 3° Lettres aux docteurs de la Faculté de théologie de Douai. 1723, in-4o. — 4° Examen critique des réflexions sur le bref de N. S. P. le pape Benoit XIII. 1724, in-8o. Ce bref Dimissas preces, était tout en faveur de la doctrine de saint Thomas, et irrita fort les Jésuites, qui répliquèrent vivement à Billuart ; celui-ci leur répondit dans une dizaine de brochures, dont Bouilliot donne les titres et l’analyse. — 3° Summa sancti Thomæ, hodiernis academiarum moribus accommodata ; sive cursus Theologiæ juxta ordinem et litteram D. Thomæ. Liége, 1746-1751, 29 volumes in-8o. Ce travail immense, rempli de subtilités théologiques, a joui d’une grande réputation dans les écoles, et l’auteur en a édité un abrégé à Liége, en 1754, 6 vol. in-8o ; il a été réimprimé différentes fois sous le titre de Cursus Theologiæ universalis, cum supplemento ; Wurzbourg, 1758, 4 vol. in-fol. et 19 vol. in-8o. Venise, 1761, 3 vol. in-fol. et Paris, 1828, 20 vol. in- 8°.

Aug. Vander Meersch.

Biographie universelle de Michaux. — Bouilliot, Biographie ardennaise. — Quétif, Scriptores ordinis prædicutorum.

BINCHE (Arnould DE), architecte, né à Binche au xiiie siècle. Voir Arnould de Binche.

BINCHOIS (Gilles), compositeur de musique, né à Binche au commencement du xve siècle. Jusqu’ici les détails biographiques relatifs à la vie de cet artiste faisaient complétement défaut ; on ne le connaissait guère que par les éloges de ses contemporains ; son nom se trouvait, il est vrai, cité dans d’anciens traités de musique, ceux de Tinctoris, Gaffori, Herman Finck, comme celui d’un musicien instruit, qui perfectionna la notation, l’art d’écrire, l’harmonie et qui eut l’honneur de former quelques-uns des maîtres de son temps ; mais, pour le surplus, tout se bornait à des hypothèses, à de vagues inductions ; il appartenait à M. Alex. Pinchart de dissiper ces obscurités et de mettre en son véritable jour un personnage qui fut, tour à tour, soudart, ménestrel et chapelain[1].

Un agent politique, Guillaume Benoit, intendant du comte de Suffolk, raconte qu’en 1424 il fit venir Binchois « pour alégier le dueil » de son maître, alors retenu à Paris par suite d’une chute. Un autre document historique nous apprend que notre artiste eut, en 1425, « de grans debaz avec les Normans qui parloient contre monseigneur de Bourgoigne. » Jusqu’en cette dernière année, Binchois était donc au service du seigneur anglais ; mais, dix ans plus tard, il fut attaché à la cour de Philippe le Bon. Il figure, en effet, l’an 1436, dans un état des gages payés aux vingt-quatre personnes appartenant à la chapelle du duc. De cette année, à 1449, on l’y voit obtenir de l’avancement et passer du cinquième rang au deuxième ; il y avait un empêchement pour qui’il allât plus loin et devînt chapelain en chef : c’est que le titulaire de l’emploi, Nicaise Dupuis, lui survécut. Encouragé d’ailleurs par mainte faveur, il devint, vers l’an 1440, « secrétaire aux honneurs » et fut pourvu d’une des prébendes laissées à la collation du duc de Bourgogne dans l’église de Sainte-Waudru, à



  1. Messager des sciences historiques, Gand, 1867, pp. 82, 84. — A. Desplanque, Projet d’assassinat de Philippe le Bon par les Anglais, Mémoires couronnés de l’Académie Royale de Belgique, t. XXXIII, p. 70, in-4o.