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toutefois être d’abord nommé à sa place, car il le fut seulement six années après (19 juin 1574). Il suivit le duc d’Albe dans la plupart de ses expéditions. Le duc, appréciant ses talents et ses services, le comprit, pour une gratification de dix mille florins, dans la distribution qu’il fit, en 1570, d’une partie du produit des biens confisqués sur les hérétiques et les rebelles, qualifications qu’on donnait à ceux qui avaient le malheur de déplaire à un pouvoir ombrageux et despotique ; en 1571, il le proposa au roi pour la place de secrétaire d’État des Pays-Bas à Madrid, à laquelle Josse de Courtewille venait de renoncer. Lors du coup de main dirigé, le 4 septembre 1576, contre le conseil d’État, Bertv fut arrêté au palais royal, à Bruxelles, avec les membres de ce corps, et conduit au Broothuys, d’où il ne sortit que le 15. Cet événement était peu fait pour le rendre sympathique à la cause de la révolution ; aussi, au mois de septembre 1577, n’hésita-t-il pas à suivre la fortune de don Juan d’Autriche, qui venait, par la surprise du château de Namur, de se mettre en état d’hostilité ouverte avec les états généraux. Après la mort de don Juan, il continua de remplir sa charge auprès d’Alexandre Farnèse : c’était le sixième gouverneur des Pays-Bas sous lequel il servait. Il était au camp de ce prince devant Maestricht, lorsqu’il mourut, comme nous l’avons dit, le 13 mars 1579.

Baptiste Berty est, sans contredit, l’un des hommes ayant pris part, dans les trois derniers siècles, à l’administration de nos provinces, qui ont laissé le plus de monuments écrits de leur activité. Ce qu’il y a de correspondances minutées de sa main dans la collection de nos papiers d’État est prodigieux, et les archives du conseil privé en renferment aussi une quantité considérable. Son style ne brille pas par l’élégance ; mais il est, en général, plus clair que celui de la plupart des pièces de chancellerie de son époque ; il lui eût été, du reste, bien difficile de le châtier, au milieu des affaires sans nombre qu’il lui fallait expédier chaque jour. On a aussi de lui des notules (procès-verbaux) du conseil d’État, de 1560 à 1577, dont une partie a été publiée dans le sixième volume de la Correspondance de Guillaume le Taciturne et dans le quatrième volume de la Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas.

Berty eut de sa femme, Pétronille Moys-de-Steenvoort, deux fils : Jean, docteur en droit, conseiller au conseil de Luxembourg (il fut nommé à cette charge le 6 juillet 1574), et Théodore, que don Juan d’Autriche, en 1577, l’autorisa à s’adjoindre dans les fonctions de secrétaire ordinaire du conseil privé, pour le remplacer dans cet emploi à sa mort. Théodore ne suivit pas les exemples de fidélité à la cause royale que son père lui avait laissés, car il quitta le prince de Parme pour aller s’établir à Anvers, où siégeaient les états généraux. Il ne tarda pas à s’en repentir ; alors il sollicita son pardon. Le roi le lui accorda en mémoire des services de son père, et Alexandre Farnèse, le 12 mai 1584, lui rendit la place de secrétaire du conseil privé que sa défection lui avait fait perdre.

Gachard.

Archives générales du royaume, collections des papiers d’État et de l’audience, et des cartulaires et manuscrits. — Archives de la province de Gueldre. — Analectes historiques t. III. — Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. II et IV. — Correspondance de Guillaume le Taciturne, t. II et VI.

BERUS (Gaspar), BARUS ou VERUS, orateur et écrivain ecclésiastique, né à Louvain au commencement du xvie siècle, mort à Rome en 1579. Il entra dans l’ordre des Carmes chaussés, à Bruxelles, et s’y distingua par une connaissance approfondie des langues grecque et latine, et par un talent oratoire tout à fait extraordinaire. Forcé de s’expatrier pendant les troubles religieux du xvie siècle, Berus passa en Italie, et mourut à Rome, en 1579, au couvent de Sainte-Marie in Traspontina. Quelques biographes, entre autres Côme de Villiers, l’auteur de la Bibliotheca Carmelitana, lui donnent, à tort, le titre de docteur en théologie de l’Université de Louvain.

Il composa plusieurs ouvrages ; la plupart périrent pendant la tourmente révolutionnaire qui précéda de quelques an-