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rique. Toutefois, il ne négligea pas de s’occuper du bien-être et de l’embellissement de la commune : c’est à lui que l’on dut la construction d’un hôtel de ville. Par suite des changements survenus depuis quelques années dans la seigneurie, ainsi que des différentes dominations qui y avaient été exercées et des prétentions que chacun de ces possesseurs avaient tour à tour élevées, la régularité de l’administration était en souffrance. Aussi Thibaut de Bar et Gilles Berthout réglèrent-ils leurs droits respectifs. Cette fois, c’est l’évêque qui dicte la loi, et Gilles Berthout qui se reconnaît en tout vassal du prélat : il consent à tenir en fief de l’Église de Liége tout ce qu’il possède et possédera dans la seigneurie. Le titre de seigneur de Malines lui est enlevé, et Thibaut l’intitule simplement : Nobilem virum Ægidium dictum Berthout de Malinis.

Malgré sa soumission à l’Église de Liége, Berthout resta dans les meilleurs termes avec le duc Jean II. Ce prince espérait tôt ou tard, par l’influence de son allié, ressaisir son ancien pouvoir dans Malines. Les rapports d’intimité qui existaient entre ces seigneurs sont prouvés par un grand nombre de chartes, relatives au Brabant, où Gilles et son oncle Florent interviennent. Berthout s’appliqua à s’attacher les Malinois. Dans un acte solennel du jour de la Circoncision 1308, il promit aux habitants de la ville que lui et ses successeurs observeraient fidèlement les priviléges et immunités que Thibaut de Bar leur avait accordés. On comprend avec peine comment il ait voulu consentir à signer son acte de déchéance, lui qui allié du Brabant aurait pu compter sur son appui.

D’abord l’esprit des Malinois était en ce moment favorable à l’Église de Liége. Ensuite Berthout se jugeait peut-être trop faible pour embrasser le parti de la résistance ? Le dernier acte que nous possédons de lui est donné le jeudi après l’octave de la saint Martin, l’an 1309. Dans cette charte, il se qualifie simplement : Gilles Berthout, de Malines. Il mourut, sans postérité, le 22 octobre 1310, selon la mémoire qui en est conservée à Saint-Rombaut, où il repose à côté de son frère Jean. Il avait épousé Marie, fille du comte de Loos, qui convola en secondes noces avec Gérard de Diest. Sa succession échut à son oncle paternel, Florent Berthout, seigneur de Berlaer, fils de Gauthier, surnommé le Grand. C’est par ledit Gilles Berthout que finit la première lignée des seigneurs et avoués de Malines.

Emm. Neeffs.

BERTHOUT (Florent), seigneur de Berlaer, fils de Gauthier III, le Grand, succéda, en 1310, à son neveu Gilles, dans l’avouerie de Malines. Une fatalité semble s’attacher aux derniers Berthout : Jean mourut sans enfants ; Gilles, son frère et son successeur, décéda également sans postérité ; enfin Florent n’eut point de descendants mâles : il n’eut de son mariage avec Mathilde de la Marck qu’une fille unique, Sophie, qui épousa, en 1310, Renaud de Gueldre. Froissart et après lui d’autres écrivains allèguent, à propos de ce mariage, que le comte de Gueldre, pour rétablir ses affaires et d’après les conseils de son parent, l’archevêque de Cologne, aurait épousé Sophie, de qui le père, Florent Berthout, était un des plus riches commerçants, trafiquant à Venise et dont les navires fréquentaient les côtes de l’Orient. Cette assertion n’est guère admissible. Les documents de cette époque ne font aucune mention de ce prétendu négoce ; d’ailleurs, ce nom de marchand s’explique tout différemment et semble avoir été attribué à Florent, à cause de la vente et du rachat qu’il fit de ses droits d’avoué et de seigneur. (Gramaye, lib. II, sect. IV.) L’évêque de Liége, Thibaud de Bar, qui, en vertu d’une sentence de la cour de Rome, avait retiré la seigneurie de Malines des mains du duc de Brabant, décéda le 13 mai 1312. Adolphe de la Marck ne lui succéda que le 4 avril 1313. Le duc Jean II de Brabant profita de cette vacature pour récupérer ses droits sur Malines. Il se rendit dans cette ville et Berthout lui prêta le serment de fidélité. Florent fit plus : le lendemain de la