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décès, la chaire principale de droit canon. En 1550, il fut envoyé par Charles-Quint, avec d’autres professeurs de Louvain, au concile de Trente et reçut à son retour des patentes de conseiller au parlement de Malines ; mais il refusa cette place éminente, préférant la carrière laborieuse et paisible du professorat. On voyait autrefois son tombeau et son portrait dans l’église de Saint-Pierre, à Louvain, mais ce monument a disparu depuis plus de deux siècles. Bien que Bernaerts ait écrit plusieurs ouvrages, tant de droit civil que de droit canon, aucun d’eux, n’est parvenu jusqu’à nous.

Eugène Coemans.

Paquot, t. XV. — Foppens, t. II, p. 1160. — Valère André, p. 114.

BERNARD (Nicolas), célèbre partisan du xvie siècle, né à Tournai, mort en Hollande. Il était fils de Simon, seigneur de Taintignies, Lochin et autres lieux, et de dame Jeanne de Landas. On l’emprisonna, comme « sectaire et perturbateur du repos public », à la suite des troubles de 1566. Deux de ses parents intercédèrent pour lui et obtinrent sa mise en liberté sous caution. Nicolas Bernard s’empressa d’en profiter pour passer en Angleterre, laissant à sa femme, Barbe de Châtillon, le soin de désintéresser ses généreux parents et de sauver de ses biens le plus qu’elle pourrait. Il avait été capitaine des bourgeois de Tournai ; ce fut sa principale recommandation pour devenir, plus tard, officier dans la phalange célèbre des Gueux de mer. Il assista à la prise de la Brille en 1572. L’année suivante, il fut l’un des héroïques défenseurs de Haarlem. Ce fut lui qui proposa à ses compagnons d’armes, affamés et sur le point de succomber au découragement, de traverser le camp ennemi et d’aller demander des secours au prince d’Orange. Il réussit dans son entreprise, mais Haarlem ne pouvait déjà plus être sauvée. Nous le retrouvons un mois plus tard, le 2 août 1573, entrant en vainqueur dans le fort de Rammekens. De là il se rendit à Middelbourg et à Flessingue, et partout il prouva que sa tête valait son bras, que son mérite était à la hauteur de son dévouement. À Ziricksee enfin, menacée en 1578 par les Espagnols, il cueille ses plus beaux lauriers. Le voilà célèbre ! Mais il est franchement Gueux, et vent le rester. Son grade de capitaine lui suffit, comme la Zélande, pour théâtre de ses exploits. On peut dire qu’il contribua puissamment à forcer les Espagnols à quitter cette province où les éléments et les hommes se révoltaient à la fois contre eux. Quand, en 1576, les états généraux continuèrent en Belgique leur lutte contre le gouvernement de Philippe II, l’ancien capitaine de vaisseau vint, à la tête d’une enseigne d’infanterie, renforcer le régiment de Vanden Tympel et tenir garnison à Bruxelles. Sa correspondance directe avec le prince d’Orange nous prouve que l’importance de son rôle était à cette époque-là beaucoup plus relevée que la modestie de son grade ne permettait de le supposer. On ignore absolument l’époque de sa mort, et, à ce sujet, Van Groningen a dit avec raison qu’il n’est guère probable que ce soit lui, le capitaine de cavalerie Bernard, qui fut tué à la bataille de Nieuport, en 1600.

C. A. Rahlenbeck.

Van Groeningen, Geschiedenis der Watergeusen. — A. Pinchart, Mémoires de Pasquier Delabarre, t. Ier. — Le Petit, Grande chronique de Hollande, t. II. — Gachard, Correspondance de Guillaume le Taciturne, t. IV.

BERNARD (Philippe), philologue, né à Arlon le 28 avril 1797 et mort à Saint-Gilles lez-Bruxelles le 6 décembre 1853. Après avoir achevé ses humanités au petit séminaire de Metz, il jugea utile d’aller recommencer sa rhétorique à Sedan, sous l’abbé Caillon, ancien émigré, pendant douze ans directeur du collège de Wilna, en Lithuanie. Ce professeur distingué sut lui inspirer le goût des études historiques et philologiques, ou plutôt lui révéla sa véritable vocation. Les événements de 1814 surprirent Bernard au lycée de Metz, avant la fin de son année de philosophie, et le forcèrent de retourner à Arlon. Des déceptions cruelles l’y attendaient. Il était né dans l’aisance ; il retrouva sa famille à la veille d’être ruinée. En 1820, se voyant dénué de tout, il se fit maître d’études au collége de Mons : c’était s’engager dans une impasse, puisqu’il n’était porteur d’aucun diplôme acadé-