Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Charles le Téméraire, ayant appris cette invention, remit à l’auteur trois grands diamants pour être taillés et il fut « tellement ravy d’une invention si surprenante, qu’il lui donna trois mille ducats de récompense. » Ce prince fit don d’une de ces pierres au pape Sixte IV, d’une seconde au roi Louis XI et garda pour lui la plus belle, qu’il portait toujours au doigt. R. de Berquen assure qu’il l’avait encore un an après, lorsqu’il fut tue devant Nancy (5 janvier 1477) ; mais il parait constant que ce diamant fut perdu à la journée de Morat (1476) et retrouvé par un Suisse qui le vendit, pour un écu. Il fut plus tard racheté fort cher par un duc de Florence et passa de là, dit-on, après plusieurs vicissitudes, à la couronne d’Espagne. D’après M. Delepierre, ce diamant était le Sancy, qui fut estimé un million huit cent vingt mille francs la dernière fois qu’on le vit. Cette assertion ne nous semble pas fondée : le Sancy nous est connu pour la première fois comme ayant été mis en gage, chez des juifs de Metz, par Nicolas de Harlay, baron de Sancy, qui l’avait rapporté de son ambassade en Turquie et qui vint ainsi au secours des finances délabrées de Henri IV. R. de Berquen dit, qu’après avoir passé par différentes mains, il appartenait de son temps à la reine d’Angleterre. Il fut acheté six cent mille livres par le duc d’Orléans, régent, qui le donna au Trésor, sous le nom qu’on lui connaît : il fut perdu en 1793, avec la plupart des diamants qui faisaient partie du domaine de la couronne de France. On l’estimait, selon Dufrénoy, à plus du double du prix d’achat.

G. Dewalque.

BERKEN (Robert DE) ou BERQUEN, joaillier, écrivain. On l’a considéré comme le petit-fils de Louis Berken (voir ce nom), parce qu’il le dit un de ses ayeuls ; mais la comparaison des dates nous fait croire qu’il a voulu dire : un de ses aïeux. On croit qu’il naquit à Bruges, vers la fin du xvie siècle et qu’il alla s’établir à Paris, ce qui explique l’orthographe francisée de son nom. Il ne nous est pas connu comme artiste, mais il nous a laissé deux écrits, devenus extrêmement rares, sur la joaillerie. Ce sont : 1° Liste des gardes de l’orfévrerie de Paris, avec plusieurs pièces sur cet art, Paris, 1616, in-4o. — 2° Merveilles des Indes occidentales et orientales ou Nouveau traité des pierres précieuses et perles, dédié à Mademoiselle, par Robert de Berquen, marchand-orfèvre à Paris, Paris, Ch. Lambin, 1661, in-4o ; ibid., 1669, in-4o, vi-152 pages, avec un portrait de Mademoiselle. On voit, par ce titre, comme par le privilége du roi, imprimé à la fin de l’ouvrage, que c’est une seconde édition augmentée de plusieurs chapitres.

G. Dewalque.

BERLAYMONT (Charles, comte DE), baron de Hierges, de Perwez, de Beaurain, seigneur de Floyon, de Haultepenne, etc., homme de guerre, naquit en 1510 et mourut à Namur le 4 juin 1578. Il était fils de Michel de Berlaymont, seigneur de Floyon et de Marie de Barault.

Charles de Berlaymont servit avec distinction dans les armées de l’empereur Charles-Quint ; il figurait, en 1542 déjà, parmi ses meilleurs généraux. En 1553, il reprit Longwy, dont les Français s’étaient emparé. L’année suivante, par lettres patentes du 8 septembre, il fut nommé gouverneur et souverain-bailli, capitaine et grand veneur des ville, château, comté et pays de Namur ; il fut confirmé dans cette charge le 22 octobre 1555, puis le 12 mars 1556 par Philippe II. La même année, il avait été reçu chevalier de la Toison d’Or, dans un chapitre tenu à Anvers, le 28 janvier. Après le départ de la reine Marie de Hongrie, il fut désigné, conjointement avec Adrien de Croy, comte de Roeulx, pour exercer le gouvernement provisoire des Pays-Bas ; il fut aussi nommé chef et capitaine d’une bande de quarante hommes d’armes et quatre-vingts archers des ordonnances, par patente du 29 avril 1561. Sous la régence de Marguerite de Parme, il devint chef des finances et posséda toute la confiance de cette princesse. Dans le conseil d’État, où il siégeait également, il ne voulut prendre parti ni pour ni contre le cardinal de Granvelle (voir sa lettre du 30 août 1564, à Philippe II). Il refusa absolument d’entrer dans la confédération des nobles, malgré les instantes