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un an, par douze gentils compagnons Craniquiers. Outre cinq bâtards[1], il laissa dix enfants légitimes, parmi lesquels Philippe, tué à la bataille de Nancy ; notre évêque Henri ; Jean VI, chevalier de la Toison d’or, de qui descendent le diplomate Jean, mort en Espagne, et l’évêque Robert (voir ci-après) ; l’abbé Antoine, dont on va lire la notice ; Corneille de Zevenberghe, grand-père de l’evêque de Liége du même prénom, etc. Les Berghes de Grimberghe, auxquels appartiennent l’archevêque de Malines, Alphonse, le mestre de camp, Philippe-François et le prince-évêque de Liége, Georges-Louis, remontent à Philippe, le plus jeune des enfants de Jean IV et de Jeanne de Bautersem. Le troisième groupe est celui des Glymes de Tourinnes, issus de Jean III, petit-fils de Cordeken. S’en détachèrent les Glymes de Limelette, les seigneurs de la Falize [voir Glymes de Brabant (Ignace-François)] et ceux de Court. Les Glymes de Jodoigne (quatrième groupe) ont pour souche le chevalier Jacques ou Jacquemart, fils de Cordeken ; leurs guerres privées avec l’ancienne maison de Jodoigne (Geldenaken) désolèrent longtemps la partie sud-est du Brabant, et ne purent être apaisées[2] que par l’intervention énergique du duc Antoine (1406). Les rameaux de cette branche sont les Glymes de Hollebeke, créés comtes du Saint-Empire par Ferdinand III ; les marquis De Glymes de Florennes, héritiers de cette terre par suite d’une alliance avec la famille de Lorraine-Vaudemont ; enfin, les Glymes de Boyen, de source illégitime.

Alphonse Le Roy.

Lecarpentier, Hist. de Cambrai (Leyden, 1664, 2 vol. in-4o), t. I, 2e partie, p. 408. — Hadr. Barlandus, Ducum Brabantiæ Chronica. Antv. 1600, in-fol. ; c. 152, p. 122. — Gallia Christiana, t. III, col. 50. — Goethals, Dict. généal., vo Glymes.

BERGHES (Antoine DE), frère du précédent, dignitaire ecclésiastique et historien, né le 14 décembre 1454, mort à Saint-Bertin (Sithieu), près Saint-Omer, le 22 janvier 1531. On ne saurait accorder à ce personnage, soit au point de vue du désintéressement, soit sous le rapport de la loyauté ou de la dignité du caractère, les mêmes éloges qu’à Henri, évêque de Cambrai ; en revanche, ou lui attribue, comme à son aîné, de brillantes facultés intellectuelles. Son éducation fut cependant négligée : ses parents le destinaient à l’état ecclésiastique, mais se préoccupaient moins de le préparer à recevoir les ordres sacrés, que de lui faire obtenir les dignités monacales que pouvait lui assurer sa naissance. Très-jeune encore, Antoine fut appelé à gouverner le monastère de Sainte-Marie, en Bourgogne, de l’ordre de Cîteaux. Arnould de Beringen, abbé de Saint-Trond, étant venu à mourir en 1483, Corneille de Zevenberghe, investi de l’autorité temporelle dans cette partie du territoire liégeois, résolut de proposer, pour remplacer le défunt, un candidat dévoué à l’empereur. Un premier échec ne le rébuta pas : il se présenta devant l’abbaye accompagné d’un grand nombre de chevaliers, et soit que cet appareil militaire intimidât les moines, soit que les arguments de Corneille, qui leur promettait la protection impériale en échange de leur complaisance, fissent impression sur leur esprit, toujours est-il qu’ils élurent Antoine, l’abbé de Cîteaux, le propre frère du négociateur (1483). Tel était alors le relâchement dans l’Église, qu’à la veille de la nomination du nouvel abbé, un cardinal sollicita la commende de la maison de Saint-Trond, et que les moines, pour se débarrasser de ses importunités, se crurent obligés de lui garantir une rente viagère de mille florins du Rhin. Le pays de Liége était livré à l’anarchie : le mambour Guillaume d’Arenberg (le Sanglier des Ardennes) avait décidé le chapitre à choisir son fils Jean pour succéder à l’évêque Louis de Bourbon, dont il venait lui-même de verser le sang. Cette élection fut contestée par une partie des chanoines, réfugiés à Louvain, et solennellement invalidée.

  1. Le Carpentier (Hist. de Cambrai) lui en attribue trente-six ; nous comptons seulement ceux que M. Goethals désigne par leurs noms.
  2. V. les obs. de M. Goethals (Dict. généal., au mot Glymes de Jodoigne) sur un passage de l’Hist. de Bruxelles (de MM. Henne et Wauters), d’après lequel ces querelles auraient pris fin en 1376.