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la musique et qu’il a poussé aussi loin qu’il était possible l’art de jouer, non de la guitare, comme l’a dit le baron de Reiffenberg (Lettre à M. Fétis sur quelques particularités de l’histoire musicale de la Belgique, dans le Recueil encyclopédique belge, t. II, p. 67), mais du luth, dont le nom latin était testudo. Il n’y a rien qui ne soit vrai dans ce que dit ce musicien de lui-même ; car non-seulement il fut évidemment le luthiste le plus habile de son temps, en Belgique, mais les virtuoses les plus renommés, au commencement du xviiie siècle, auraient eu quelque peine à jouer ses pièces. Sous le rapport de l’art d’écrire, sa musique est également remarquable, et c’est vraiment une merveille de combinaisons harmoniques que la fantaisie d’Adriansen pour quatre luths, sur la chanson flamande d’Hubert Waelrant : Als ick winde. La collection des pièces de ce luthiste célèbre contient douze préludes, cinq fantaisies, trente-quatre madrigaux, cinq motets, dix chansons napolitaines, neuf ballets, cinq gagliardes, neuf passemèses, des allemandes, courantes, branles, saltarelles et voltes. Le système de tablature de cette œuvre est identiquement celui des luthistes italiens et français : il se compose d’une portée de six lignes sur laquelle les notes sont désignées par les lettres du système des hexacordes, surmontées des signes particuliers de la tablature pour les durées de ces notes. Ce système est entièrement différent de la tablature allemande sans portée, qu’on voit, à la même époque, dans les recueils de Matthieu Waisselins (Tablatura continens insignes et selectissimas quasque cantiones, etc. Francofordiæ ad Viadrum, 1573 ; in-fol.), et de Benoît de Drusina (Tablatura continens prœstantissimas et selectissimas quasque cantiones, etc. Ibid., 1573 ; in-fol.

F.-J. Fétis.

ADRIANUS DE VETERI BUSCO, chroniqueur, historien, né à Oudenbosch. On possède peu de détails sur la vie de ce religieux. Cette vie se passa tout entière dans le silence du cloître, dans l’occupation de transcrire des manuscrits, de composer ou, comme on le disait plus modestement alors, de compiler des chroniques. On a supposé que le frère Adrien naquit à Oudenbosch, près de Bréda, dans l’ancien Brabant ; mais il est au moins aussi probable qu’il est natif ou originaire des environs de Lokeren, dans la Flandre orientale. Quoi qu’il en soit, il dut voir le jour vers le commencement de xve siècle ; il prononça ses vœux dans le monastère de Saint-Laurent, de l’ordre de Saint-Benoît, à Liége, maison qui s’était toujours distinguée par son amour pour les lettres et où l’on remarquait une bibliothèque nombreuse et choisie. Adrien de Veteri Busco fut le digne successeur de Jean de Stavelot, dont il a continué la tâche laborieuse. C’est lui qui termina la chronique de son frère en religion, en y ajoutant de courtes annales latines pour deux années, et qui nous fournit des renseignements sur la maladie et la mort de Jean de Stavelot. Sous un rapport, néanmoins, Adrien n’imita point son confrère ; il semble avoir dédaigné la langue vulgaire et ne s’est servi que du latin pour la composition de ses ouvrages. Adrien de Veteri Busco mourut probablement vers 1483, année où finit sa chronique. On a de lui : 1o Chronicon Leodiense, ab anno 1449 ad annum 1483. Cette chronique est une des sources les plus importantes pour les dernières années du gouvernement de Jean de Heinsberg et pour le règne si agité de Louis de Bourbon. Le savant doyen Devaux, de Saint-Pierre, à Liége, a laissé, en manuscrit, une traduction française de cette chronique, accompagnée de notes. C’est un volume in-folio qui fait actuellement partie de la collection de M. le chevalier Xavier de Theux, à Liège. 2o Brevis historia Ecclesiœ collegiatœ S. Petri Aicurensis, ad parochialem Ecclesiam S. Jacobi Lovanium translatœ. 3o Historiœ Monasterii sui S. Laurentii continuatio. Ces trois ouvrages étaient demeurés inédits, lorsque les savants Martène et Durand, bénédictins de la congrégation de Saint-Maure, les publièrent, en 1729, dans le tome IV de l’Amplissima Collectio veterum Monumentorum.

H. Helbig.

Foppens, Bibliotheca Belgica, t. I, p. 22 — Gachet, Rapport trimestriel adressé à la Commission royale d’histoire de Belgique, du 10 janvier 1848.