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tère en décadence, résolut de le rétablir et prit lui-même, en 944, le titre d’abbé de Saint-Trond, pour être mieux autorisé et plus indispensablement obligé de procurer à cette maison les secours spirituels et temporels dont elle avait besoin. Il en éloigna l’abbé Reinier, à cause de sa mauvaise conduite, et dirigea lui-même l’abbaye avec une grande sagesse pendant vingt ans. Il en restaura les bâtiments dégradés par la négligence de ses prédécesseurs, fit restituer les biens usurpés par des nobles et y rétablit une observance sévère de la vie monastique. Chaque fois que l’administration de son diocèse de Metz lui permettait de disposer de quelques loisirs, il ne manquait jamais de se rendre à Saint-Trond pour s’y retrouver avec ses moines et les encourager, par son exemple, à la pratique des vertus de leur état.

L’empereur Otton Ιer, dans une charte de 960, lui donne l’honorable qualification de compère[1]. Le roi Charles le Simple l’appelle son cousin. Ce prélat, dont les princes et le clergé aimaient à suivre les conseils, mourut en odeur de sainteté, dans son abbaye de Saint-Trond, le 23 février ou le 26 avril de l’année 964, et non en 960, comme le disent les auteurs de l’Histoire générale de Metz, (t. II, p. 68), ou en 962, comme le rapporte l’auteur de la vie de Thierri, son successeur sur le siége de Metz, publiée par Leibnitz, dans ses Scriptores Brunswicenses (t. I, p. 294).

Le corps d’Adalbéron fut transféré de Saint-Trond à l’abbaye de Gorze et de là à Saint-Arnoul de Metz, où sa mémoire a toujours été en grande vénération, sentiment déjà consigné dans les ouvrages de différents écrivains qui ont vécu vers l’époque de la mort d’Adalbéron. Ainsi, l’auteur cité de la vie de Thierri l’appelle reparatorem sanctæ religionis. L’empereur Otton, dans une charte de 968, le qualifie du titre de sanctissimus[2]. L’auteur de la vie de saint Cadroé dit qu’il était, opinatissimæ sanctitatis præsul[3]. Jean, abbé de Saint-Arnoul à Metz, désirait que quelqu’un voulût écrire l’histoire de tout ce que cet évêque avait fait pour la religion[4].

L’éminent prélat dont nous venons de retracer la vie s’occupa tout particulièrement de l’éducation de la jeunesse et soigna nommément celle de son neveu Adalbéron, qui devint archevêque de Reims. (Voir ce nom.)

P. F. X. de Ram.

ADALBÉRON II, évêque de Metz, était fils de Frédéric Ier, comte de Bar et duc de la Lorraine Mosellane, et de Béatrix, fille de Hugues le Grand, père de Hugues Capet. Après la mort de Thierri Ier, il fut placé sur le siége de Metz, en 984. Sa douceur et son affabilité lui gagnèrent bientôt l’affection de son troupeau, qu’il édifiait par ses vertus. Il recevait dans sa maison épiscopale tous les pauvres et tous les pèlerins, leur lavait les pieds et les servait lui-même à table. La terrible maladie connue sous le nom de feu sacré s’étant fait sentir à Metz, il changea son palais en hôpital pour les victimes de la contagion. Il pansait lui-même leurs ulcères et les soignait avec un admirable dévouement. Il ne célébrait jamais les saints mystères sans être revêtu d’un cilice et sans verser des larmes. Quoique sa vie fût une mortification continuelle, il redoublait cependant ses austérités les veilles des fêtes et pendant le carême, qu’il avait l’habitude de passer dans la retraite à l’abbaye de Gorze. Ce monastère, comme celui de Saint-Symphorien et plusieurs autres, fut l’objet de ses libéralités et de ses soins. Sa vigilance s’étendait à tous les établissements religieux de son vaste diocèse.

Ce charitable et doux prélat savait, au besoin, montrer une grande fermeté et un courage inébranlable. Il réforma un grand nombre de monastères ; il en chassa les supérieurs mal famés et leur en substitua d’autres, revêtus des qualités requises pour être placés à la tête d’une communauté religieuse. On assure qu’il fit, pour différents monastères, quarante consécrations abbatiales. On as-

  1. Compater noster, Adalbero, egregius scilicet Sanctæ Mellensis ecclesiæ præsul. Calmet, ouvr. cit.. I, t. I, preuv., p. 367.
  2. Voyez Miræus, Op. diplom, t. I, p. 343.
  3. Acta SS. Martii, t. I, p. 480, num. 32.
  4. Acta SS. Julii, t. VI, p. 224.