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BAUDOUIN DE NINOVE, chroniqueur, né en Flandre, vivait au xiiie siècle. Il appartient à cette foule d’écrivains obscurs que la science historique moderne a tirés de l’oubli et qui, entrés dès leur jeune âge dans le silence du cloître, y occupaient leurs loisirs à écrire, sous forme de chronique, l’histoire de leur temps et, plus particulièrement, celle du couvent qui les abritait. Pour la partie de leur récit antérieure à l’époque ou étrangère à la localité où ils vivaient, ce qu’ils racontent n’est souvent que la répétition d’écrits ou de traditions plus anciennes ainsi que des erreurs et des fables qu’elles accréditent. Toutefois, M. le chanoine De Smet, qui a donné une édition complète de l’œuvre de Baudouin, reconnaît qu’elle à une valeur historique incontestable et cite à l’appui de son assertion le témoignage des Kluit, des André Duchesne, des Dom Bouquet qui se sont plus à désigner cet auteur comme un écrivain digne de foi. Miræus, Le Paige, Vossius, Ducange et d’autres savants en parlent avec éloge. C’est ce qui engagea sans doute Ch.-L. Hugo, abbé d’Estival, en Lorraine, d’insérer la chronique de ce religieux, au tome II de ses Sacræ antiquitatis monumenta historica diplomatica.

M. Victor Le Clerc s’est livré, dans l’Histoire littéraire de la France, a un examen approfondi des sources que. Baudouin de Ninove a consultées pour rédiger son travail. Pour l’époque chrétienne proprement dite c’est, selon lui, le célèbre Sigebert de Gembloux qu’il a presque suivi servilement jusque vers l’an 1225. Ce judicieux critique apprécie à sa juste valeur la chronique de Baudouin et n’hésite pas à reconnaître qu’elle contient des faits trop négligés par les historiens modernes. Peut-être va-t-il bien loin dans le domaine des hypothèses, quand il prétend démontrer que ce moine modeste, s’affranchissant de l’esprit d’autorité de son siècle, inaugure çà et là les doctrines du libre examen historique. Quoi qu’il en soit, c’est pour l’histoire religieuse de la Flandre une source d’un grand intérêt. Les annales de l’abbaye de Ninove qu’il retrace dans ses moindres détails, offrent un tableau vivant des mœurs monastiques du xiiie siècle.

On sait peu de chose sur la vie de notre chroniqueur. Il était religieux et diacre de l’abbaye de Prémontrés de Ninove, et les particularités locales qu’il insère dans son ouvrage prouvent qu’il était Flamand d’origine. Il paraît être né vers la fin du xiie siècle. Quant à la date de 1293 qu’on assigne à sa mort, elle est problématique ; sa chronique s’arrête, il est vrai, à cette année, mais rien ne prouve que la fin en ait été écrite par Baudouin.

Le manuscrit de la chronique existe dans la bibliothèque de M. Vergauwen,sénateur à Gand, et forme un in-4o sur parchemin de 104 pages.

Baron de Saint-Genois.

Histoire littéraire de la France, t. XX, pp. 208-227. — De Smet, Corpus Chronicorum Flandriæ, t. II. — Foppens, Bibl. Belgica, t. I, p. 119. — Sweertius, Athenæ Belgicæ, p. 151. Gramaye, Antiq. Belgicæ, p. 47. — Fabricius, Bibl. latin. Medii Ævi, t. I, p. 165.

*BAUDOUIN (François), l’un des plus célèbres d’entre les jurisconsultes et les théologiens de son temps, naquit à Arras, alors ville des Pays-Bas, le 1er janvier 1520, et mourut à Paris, le 24 octobre 1573. Son père était procureur fiscal au conseil d’Artois et appartenait à la noblesse du pays. Pierre Bayle, qui n’était cependant pas sans reproche, prend à partie notre savant à cause de sa faiblesse de caractère et de l’inconstance de ses opinions. Il est vrai que Baudouin ne se sentait aucun goût pour le martyre, et qu’il changea jusqu’à sept fois de religion. Mais il vivait à une terrible époque, où il était malaisé de se réfugier dans le quiétisme mystique tant aimé par Juste-Lipse et qu’avaient préfessé Érasme et Cassander ; aussi, loin de lui décerner les épithètes mal sonnantes qu’il s’attira de plusieurs de ses illustres contemporains, dirons-nous qu’après s’être heurté à l’intolérance de toutes les églises, grandes et petites, et de tous les partis, il abdiqua la recherche du mieux, et, de guerre lasse, acheta fort cher le repos et peut-être l’oubli. Il avait été élève de l’Université de Louvain où