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on coucha le malade qui ne pouvait plus se tenir à cheval, et l’on reprit la route de Jérusalem en longeant la côte de la mer. Quand on eut atteint Al-Arish, personne ne douta plus que la fin du roi ne fût prochaine, et quelques-uns de ses compagnons lui demandèrent quel prince il regardait comme le plus digne de lui succéder. Il répondit que c’était son frère Eustache, si ce prince se décidait à revenir en Orient, et, à défaut d’Eustache, Baudouin du Bourg. Ayant dit ces mots, il expira doucement. Après quoi Addo sépara du corps les viscères qui furent enterrés à Al-Arisch, et l’on emporta le cadavre royal. Sans que les musulmans songeassent à les inquiéter, les chevaliers continuèrent leur route vers la ville sainte. Ils y arrivèrent le dimanche des Rameaux, au moment même où le patriarche et son clergé, après avoir béni les branches symboliques, descendaient processionnellement, avec toute la communauté des fidèles, du mont des Oliviers dans la vallée de Josaphat. Le cercueil qui contenait le roi ayant tout à coup apparu à leurs regards, les chants religieux firent silence, et des cris unanimes de douleur y succédèrent. La procession se reforma aussitôt et entra dans la ville avec le corps par la porte d’Or, c’est-à-dire par celle-là même par où le Christ y avait fait son entrée, à pareil jour, onze siècles auparavant. En même temps Baudouin du Bourg, qui venait, avec une nombreuse escorte, célébrer à Jérusalem les fêtes pascales, y arrivait par la porte de Damas. Quelques jours après, le roi fut enterré dans une des chapelles de l’église du Saint-Sépulcre, dans la chapelle dite d’Adam, où Godefroid reposait depuis dix-huit ans. On érigea sur ses restes une tombe de marbre blanc, sur laquelle on traça ces cinq vers :

Rex Baldewinus, Judas alter Machabeus,
Spes patrie, vigor ecclesie, virtus utriusque,
Quem formidabant, cui dona tributa ferebant
Cedar et Egyptus, Dan ac homicida Damascus.
Proh dolor ! in modico clauditur hoc tumulo.

Ce tombeau, de même que celui de Godefroid, fut respecté pendant plus de six siècles par les musulmans. Ils furent détruits tous deux par le sacrilège incendie que le clergé grec alluma, en 1808, dans l’église du Saint-Sépulcre pour avoir l’occasion d’en expulser les latins. Mais, si le monument où se trouvait si énergiquement résumée l’histoire de la vie de Baudouin a disparu, les actes héroïques de ce prince vivront éternellement dans l’histoire, et peut-être encore, à l’heure qu’il est, les musulmans du désert continuent-ils à jeter, en passant, ainsi que leurs aïeux firent pendant tout le moyen âge, quelque pierre au tertre sous lequel furent enfouis, près d’Al-Arisch, les viscères du plus redoutable ennemi de l’islamisme et qui est encore désigné par le nom de Hedsharath Barduil, ou tombeau de Baudouin.

André van Hasselt.

Orderic Vital, Hist. ecclesiastic. — Annœ Comnenæ, Alexias. — Guillelm. Tyr., Hist. rerum in tranzmarin. partib. gestar. — Albert Aquenss., Super passag. Godefrid de Bull. et alior. princip., lib. XII. — Pet. Tudebod. Hist. de Hierosolymitan. itiner. — Fulcher. Carnot, Hist. Hierosolymitan. — Guib. Abbat. Hist. Hierosolymitan. — Bongars, Gesta Dei per Francos. — Du Chesne. Scriptor rer. Francicar. — Don Bouquet, Recueil des hist. des Gaules et de la France. — Michaud, Histoire des Croisades. — Wilken, Geschichte des Kreuzzüge. — Tobler, Golgotha, Seine Kirchen und Klöster. — Le baron de Hody, Description des tombeaux de Godefroid de Bouillon et des rois latins de Jérusalem.

BAUDOUIN II et III, seigneurs d’Alost. Voir Alost (seigneurs d’).

BAUDOUIN D’AVESNES, chroniqueur xiiie siècle. Voir Avesnes (Baudouin d’).

BAUDOUIN DE GAND, seigneur d’Alost. Voir Alost (seigneurs d’).

BAUDOUIN, quarantième évêque de Tournai-Noyon, vivait au xie siècle. Il succéda à Hugues, en 1041. Sa carrière épiscopale fut très-laborieuse, et l’histoire nous le montre acteur ou témoin dans des événements intéressants. Nous le voyons, en 1049, au monastère du mont Blandin, à Gand, transférer dans une nouvelle châsse saint Florbert, le premier abbé du lieu, et deux des Onze Mille vierges. C’est sous lui qu’en 1054, dans la guerre entre l’empereur et le comte de Flandre, Baudouin de Lille, Tournai fut emporté d’assaut et livré au pillage et à l’incendie. Quatre ans après ce désastre (1058), l’évêque fut mandé à Gand par l’abbé de Saint-Bavon, Ful-