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qu’ils se virent enveloppés par une nuée de barbares. En vain les chevaliers firent-ils des prodiges de valeur et tuèrent une multitude d’ennemis, ils devaient finir par succomber, et Baudouin, qui se défendit le dernier, éprouva le même sort (14 avril 1205). Quelques historiens le disent tué dans la mêlée, mais d’autres, en plus grand nombre, croient qu’il mourut l’année suivante dans les fers de Joannice. Les circonstances de sa mort, rapportées par quelques écrivains, ne sont qu’une fable, mais l’incertitude qui régna longtemps à cet égard donna naissance à l’imposture connue de Bertrand de Rayns (voir ce nom). L’empereur Baudouin ne laissait que deux filles, Jeanne et Marguerite, l’une après l’autre comtesses de Flandre.

J.-J. De Smet.

Gislebert, Chron. Hannoniæ. — Corpus Chron. Flandriæ. — Sueyro, Anales de Flandes, t. II. — Niester, Chron. Annal. Alex. — Villehardouin, De la conqueste de Constantinople.

BAUDOUIN Ier, comte de Hainaut. Voir Baudouin VI, comte de Flandre.

BAUDOUIN II, comte de Hainaut, fils du précédent et de la fameuse Richilde, était à peine adolescent quand il succéda à son père dans le comté de Hainaut sous la régence de sa mère. Malheureusement cette princesse était aussi ambitieuse et vindicative que son époux avait été débonnaire. Son gouvernement arbitraire et tyrannique souleva les Flamands et donna lieu à une guerre civile, dans laquelle les Hennuyers, unis aux Français, furent défaits près de Cassel, et le jeune comte de Flandre, Àrnould III (voir ce nom) tué en trahison. En droit et selon le pacte d’Audenarde, sa succession appartenait à son frère Baudouin, mais il la réclama vainement. Les Flamands s’étaient donnés au chef qui les avait conduits à la victoire et ne voulaient plus entendre parler d’une réunion avec le Hainaut. Richilde ne craignit pas, pour obtenir contre eux un secours considérable en hommes et en argent, de rendre son comté vassal de l’église de Liége ; mais cette démarche extraordinaire demeura encore infructueuse : l’indomptable Frison fit essuyer à ses adversaires une défaite sanglante dans les champs de Broqueroie, et Baudouin dut finir par renoncer à la Flandre en faveur de son oncle (1085). Il donnait tous ses soins à la bonne administration de sa principauté, lorsque la première croisade vint remuer l’Europe. Le comte y prit une part glorieuse et, après la victoire d’Antioche, ses compagnons d’armes l’envoyèrent avec le comte de Vermandois en ambassade à Constantinople. Baudouin, qui avait pris les devants, traversait les montagnes voisines de Nicée, quand il fut surpris et attaqué par les Turcopoles. L’histoire n’a pu savoir comment il termina sa vie. La comtesse Ida de Louvain, sa femme, parcourut en vain l’Orient pour s’en informer. Quoique ce prince n’ait pas vu la ville sainte, on lui donna le surnom de Baudouin de Jérusalem.

J.-J. De Smet.

Gislebert, Chronica Hannoniæ. — Jacq. de Guyse, lib. XV. — Les Historiens des Croisades.

BAUDOUIN III, comte de Hainaut, fils et successeur du précédent, épousa, jeune encore, Yolande de Gueldre et conçut l’espoir qu’à la faveur de cette alliance, il pourrait reconquérir la Flandre. A cet effet, il entra dans une coalition formée par l’empereur Henri IV contre Robert de Jérusalem ; mais ce héros déconcerta toutes les mesures des confédérés et les força à lui accorder, avec la paix, le gouvernement temporaire de Cambrai et du Cambrésis (1110). Après la mort de Baudouin à la Hache, une ligue se renoua contre son successeur, Charles de Danemark, et le comte de Hainaut y entra encore ; mais elle n’eut pas de meilleurs succès que la précédente. Baudouin III mourut d’un échauffement qu’il avait gagné à la chasse, exercice dont il avait été toujours amateur passionné (1120).

J.-J. De Smet.

BAUDOUIN IV, comte de Hainaut, surnommé le Bâtisseur, succéda au précédent, mais comme il était encore mineur, la comtesse douairière administra le pays en son nom avec autant de fermeté que de prudence. Elle ne remit à son fils les rênes du gouvernement qu’après lui avoir obtenu la main d’Alix de Namur et avec elle des droits éventuels sur le comté de ce nom (1127). À peine ce mariage était-il