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les vainqueurs s’occupèrent à en réorganiser le gouvernement, et d’abord ils rétablirent le conseil municipal élu en 1790 : Bassenge, qui en faisait partie, en devint le secrétaire. On projeta ensuite la formation d’une convention nationale liégeoise, et parmi les quatre citoyens élus dans la cité au premier tour de scrutin, Bassenge fut celui qui obtint le plus de suffrages. Il devint ensuite le vice-président de cette convention transformée en assemblée provinciale provisoire (février 1793) dont la présidence fut conférée à Fabry. Ce fut encore Bassenge qui, toujours à la même époque, fut chargé, par la Société des amis de la liberté et de l’égalité, de rédiger un rapport sur la question importante et délicate de la réunion à la France. Tout en se prononçant pour l’affirmative, il y ajouta des réserves dont on se fit plus tard une arme contre lui et ses amis. Chef réel de l’assemblée dont Fabry, affaibli par l’âge et les fatigues d’une vie agitée, n’était guère que le président nominal, il défendit avec vigueur les opinions du parti modéré dans toutes les discussions publiques, dans le Manuel du républicain, publié par son frère Lambert, dans sa réponse à l’ouvrage de Chaussard, et resta sur la brèche jusqu’au dernier instant. Chargé de présider la dernière séance de l’assemblée provinciale, il ne quitta Liége que lorsque l’évacuation en était déjà commencée (4 mars). Avec un grand nombre de ses concitoyens, menacés comme lui par un gouvernement implacable, il reprit le chemin de l’exil, et fut chargé de rédiger, puis de présenter à la Convention, le vœu de réunion à la France (avril).

Bientôt après survint la déplorable désunion provoquée entre les réfugiés par les Franchimontois, et Bassenge se trouva tout particulièrement signalé aux récriminations furibondes des dissidents. Le ministre Lebrun qui, en sa qualité de rédacteur du Journal général de l’Europe, publié à Liége en 1790, s’était attaché aux patriotes et leur avait rendu des services après son retour en France, avait été proscrit avec Vergniaud et ses amis. Obéissant à un sentiment généreux, Henkart lui écrivit une lettre qui fut publiée dans le Journal de Paris et que signèrent un certain nombre de réfugiés parmi lesquels se trouvait Bassenge : à ce titre, il fut enveloppé dans la proscription qui menaçait tous les amis des girondins. Soutenus par la commune du 10 août, les montagnards liégeois appelèrent a eux les Franchimontois, qui, sous main, avaient suscité la division, et l’on vit alors s’établir l’assemblée générale populaire des ci-devant pays de Liége, Franchimont, Stavelot et Logne. La Gironde liégeoise eut à soutenir une lutte très-vive, dont le poids pesa particulièrement sur Bassenge. On ne peut trop admirer le courage qu’il déploya dans ces circonstances difficiles, comme aussi la fidélité qu’il ne cessa de montrer à ses amis politiques. Lorsque les dissentiments, qui éclatèrent entre les avancés, ouvrirent enfin les voies à une réconciliation, Bassenge s’employa de la manière la plus active à faire de nouveau prévaloir les idées de modération. Ses démarches n’obtinrent pas un succès immédiat, et dans l’intervalle l’occasion se présenta pour lui d’intervenir en faveur de Fyon qui, à la suite d’une querelle avec quelques-uns de ses compatriotes franchimontois, avait été arrêté. Un autre réfugié, Ransonnet, avait aussi été arrêté pour une prétendue infraction à ses devoirs militaires, puis rendu à la liberté par l’influence de Robespierre. Il mit son ami Bassenge en rapport avec ce personnage important, et Bassenge s’attacha à éclairer Robespierre sur les machinations des agents de la terrible commune à l’égard de ses amis et de lui-même. Avec la générosité qui le caractérisait, il voulut aussi profiter de l’occasion pour venir en aide à Fyon, qui certes n’avait aucun droit à ce bon office et qui, grâce à cette intervention, recouvra la liberté. La réconciliation, à laquelle Bassenge n’avait cessé de travailler suivit bientôt après, et il fut nommé président de l’assemblée régénérée, qui se constitua dès que les montagnards les plus accentués en eurent été exclus (février 1794). Attribuant avec raison ce résultat à l’influence de Bassenge, informés aussi de l’envoi au comité de salut