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bien caractérisé en disant de lui : « On pouvait l’égaler, on n’eût pu l’imiter. Esprit délicat et cultivé, imagination toute fantaisiste, artiste sous la robe au moins autant qu’avocat, nul plus que lui ne savait plaire et intéresser dans l’exercice d’une profession peu riante de sa nature. Les questions les plus terre-à-terre, les détails de procédure les moins propres à réveiller l’auditoire ou le juge, prenaient, exposés par lui, un je ne sais quoi de piquant et d’un prévu qui chassait l’ennui et commandait l’attention[1]. »

Barthels, miné par une longue maladie, est mort à l’âge de quarante ans, en éveillant des regrets chez ceux-mêmes qui étaient le plus opposés à ses convictions politiques. Une foule émue, composée de plus de deux mille personnes, l’a suivi à sa dernière demeure, et trois discours ont été prononcés au bord de sa tombe : l’un, au nom du barreau, par M. Duvigneaud ; l’autre, par M. Funck, au nom des amis du défunt ; le troisième, par M. Fontainas, au nom de l’administration communale. Enfin, ses concitoyens, voulant lui donner un témoignage plus durable d’estime et de sympathie, lui ont élevé, par souscription, un monument funèbre au cimetière de Saint-Gilles lez-Bruxelles.

Félix Stappaerts.

BARTHÉLEMI, fondateur des monastères de Maegdendael, près de Tirlemont, et de Nazareth, près de Lierre, vivait au xiiie siècle. Il appartenait, selon quelques auteurs, à l’ancienne famille d’Aa ou Vander Aa et était châtelain du vicomte de Leeuw ; selon d’autres, il n’était qu’un simple bourgeois de Tirlemont et se nommait Lanio (boucher) ou De Vleeschhouwer. Ce pieux personnage fut, vers le milieu du xiiie siècle, le principal protecteur de l’ordre de Cîteaux dans le Brabant. A la mort de sa femme Gertrude, il plaça son fils Wilbert à l’abbaye d’Averbode, mit une de ses filles au couvent de Ramaye (La Ramée), et entra, avec trois autres de ses filles, nommées Béatrice, connue depuis sous le nom de B. Béatrice de Nazareth, Christine et Sibylle, à l’abbaye de Florival, qu’il avait richement dotée. Cette circonstance lui fit attribuer, mais à tort, la fondation de cette abbaye. Il existait à cette époque, en France et en Belgique, plusieurs monastères doubles, où des moines et des religieuses vivaient dans des bâtiments séparés, tout en obéissant à la même règle et en se soumettant à la même direction. Barthélemi bâtit ensuite le couvent de Maegdendael, à Oplinter (monasterium Lintrense), et y vécut quelques années avec tous ses enfants. Il se retira enfin, avec eux, au monastère de Nazareth (Sancta-Maria de Nazareth), qu’il venait de construire aux portes de Lierre, et y mourut en 1247, 1250 ou 1260, à l’âge de 95 ans. Quelques auteurs lui donnent le titre de Vénérable.

Eugène Coemans.

Wichmans, Brabant. Mar., pp. 646-649 et 659. — Fisen, Flor. Eccles. Leod., p. 353. — De Ram, Vie des Saints, par Butler, éd. Bruxelles, 1848, t. IV, p. 262.

BARTHÉLEMI DE MAESTRICHT, théologien, naquit au chef-lieu du Limbourg néerlandais, dans la seconde moitié du xive siècle, et mourut le 12 juillet 1446. Après des études solides comprenant tout le programme de l’enseignement littéraire de son temps, il embrassa l’état ecclésiastique et obtint une chaire de théologie à Heidelberg, où il remplit même, pendant quelques mois, les importantes fonctions de recteur de l’université. Son enseignement et ses écrits lui avaient donné une grande notoriété, lorsque, poussé par le désir de se livrer à une vie plus austère, il entra dans l’ordre des Chartreux. Il devint bientôt prieur du couvent de Bethléem à Ruremonde, où il eut sous sa direction le célèbre Denis de Ryckel, qui jeta plus tard, sous le titre de Docteur extatique, tant d’éclat sur l’institut de saint Brunon. Élevé, l’année suivante, à la dignité de visiteur de la province du Rhin, il fut plusieurs fois appelé, en cette qualité, à prendre part au chapitre général de son ordre, qui se réunissait à la grande Chartreuse, près de Grenoble[2]. Il s’y rendait

  1. Auguste Orts. Belgique Judiciaire, t. XIII, n° 87.
  2. La province du Rhin de l’ordre des chartreux comprenait les treize monastères dont les noms suivent : Saint-Michel, près de Mayence ; Saint-Alban, près de Trèves ; Saint-Béat, près de Conflans ; Sainte-Barbe, à Cologne ; Sainte-Marie, près de Strasbourg ; Mont-Saint-Jean, près de Fribourg en Suisse ; Bethléem, à Ruremonde ; Saint-Paul, près de Berne ; Val Sainte-Marguerite, à Bâle ; Regina cœli, près de Wesel ; Saint-Sixte, à Pettel sur la Moselle ; Notre-Dame, près de Juliers ; Château de la Vierge, près de Dulmen, en Westphalie. — Driscart, Chronique de l’ordre sacré des Chartreux, p. 409. Tournai, 1644.