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du Hainaut, fit entrer dans le château une compagnie de gens de pied, bientôt suivie de plusieurs autres. Les consaux, sommés par lui de recevoir garnison dans la ville, n’eurent d’autre parti à prendre que d’obéir. Onze enseignes d’infanterie furent logées chez les bourgeois, et ceux-ci durent livrer toutes leurs armes, qui furent portées au château. Le 24 février, Noircarmes, s’étant transporté à la maison de ville, signifia aux consaux assemblés la destitution de plusieurs des membres de l’administration qui n’avaient pas rempli leurs devoirs : Pasquier de la Barre était du nombre. La réaction allait commencer. Déjà des commissaires chargés d’informer sur les troubles de l’année précédente et le saccagement des églises, étaient arrivés à Tournai. La plupart de ceux qui avaient été mêlés à ces événements s’absentèrent. La Barre jugea prudent de suivre leur exemple ; il se retira à Flessingue.

Arrêté en cette ville dans les premiers jours d’octobre 1567, il fut conduit au château de Vilvorde, d’où on l’amena à Bruxelles, pour lui faire son procès. L’instruction, qui eut lieu devant le conseil des troubles, dura jusqu’à la fin de l’année suivante. Par sentence du 29 décembre 1568, le prévôt général de l’hôtel, Jean Grauwels, condamna la Barre à être exécuté par l’épée, avec confiscation de tous ses biens au profit du roi. Les motifs de cette condamnation étaient qu’il avait confié un de ses fils à un Français, compagnon du ministre calviniste Étienne Mermier, permis à sa femme, à ses enfants et à ses clercs de fréquenter les prêches, dit à l’un de ses clercs, le seul qui fût catholique : Vous allez à la messe, vous ne faites pas bien ; je n’y voudrois aller pour grosse somme d’argent ; que, le jour où les images avaient été abattues à Tournai, il s’était fait remettre les clefs de l’église de Saint-Brice, et l’avait ouverte aux sectaires, lesquels l’avaient incontinent saccagée ; qu’au lieu de les en détourner, il les avait excités par ces paroles : Enfants, besognez bien, on vous payera bien ; ces prêtres et évêques nous ont bien abusés, mais avant peu de jours on y mettra bien remède ; qu’il avait engagé l’une des religieuses de l’hôpital à se marier avec un augustin, et tenu aux autres des propos hérétiques, etc. Ces faits, fussent-ils avérés, méritaient-ils la peine capitale ?…. Le jour même où la sentence avait été rendue, elle reçut son exécution sur la place de Vilvorde.

On a de Pasquier de la Barre :

1° Une chronique de Tournai, en deux livres, commençant à la fondation de cette ville et allant jusqu’au 22 mars 1564 ; — 2° Un Recueil, par forme de mémoires, des actes et choses plus notables qui sont advenues ès Pays-Bas, et espéciallement en la ville et cité de Tournay, depuis l’an mil cinq cens soixante-cincq jusques en l’an mil cinq cens et……. (15 mars 1567).

Les Archives du royaume possèdent les seuls manuscrits connus de ces deux ouvrages, quin’en forment réellement qu’un. En quittant Tournai, la Barre les avait laissés en sa demeure : ils furent saisis le 6 octobre 1567, par ordre du comte du Rœulx, à la nouvelle que l’ancien procureur général avait été pris à Flessingue. Les notes qui s’y trouvent, de la main du secrétaire de la Torre, ne laissent guère de doute qu’ils n’aient été envoyés alors au conseil des troubles. En 1850, on découvrit le second volume, mêlé avec des acquits de comptes, dans les greniers des Archives ; l’autre se trouvait en la possession de M. le comte de Limminghe, qui le céda à l’administration des Archives en 1862.

M. Alex. Pinchart a publié, dans la collection des mémoires de la Société de l’histoire de Belgique, le Recueil des actes et choses plus notables, etc., 2 vol. in-8o, 1859-1865. Au texte de l’auteur il a joint des éclaircissements, des pièces justificatives en grand nombre et une introduction à laquelle nous avons emprunté la plupart des faits qu’on vient de lire. La chronique, qui finit en 1564, est encore inédite ; elle prendra probablement place un jour dans la collection des chroniques belges qui paraît sous les auspices de la Commission royale d’histoire. Si, sur les origines de Tournai et sur ses fondateurs, elle reproduit les fables