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rigée la musique religieuse à Notre-Dame, et telle son estime pour les chanteurs qui en étaient les interprètes, qu’aussitôt qu’il eut reçu, en 1557, l’avis de sa nomination à la place de maître de la chapelle du duc Albert de Bavière (position que cependant il ne put d’abord remplir à cause de son ignorance de la langue allemande), il emmena avec lui d’Anvers à Munich, presque la totalité des musiciens qui servirent à la réorganiser.

Dans sa jeunesse, Antoine Barbé avait été marié et était devenu père de plusieurs enfants. Après un long veuvage, il résolut d’embrasser l’état ecclésiastique. Un de ses fils, Jean Barbé, bon chanteur et musicien, imita l’exemple de son père, et tous deux célébrèrent leur première messe le même jour, 11 novembre 1548, dans l’église de Notre-Dame. Un autre fils d’Antoine Barbé le Vieux, nommé Antoine comme son père, cultiva également la musique et se distingua comme instrumentiste et compositeur, Il fut organiste de l’église de Sainte-Walburge, à la fin du xvie siècle, et eut de sa femme, Jeanne Ceels, entre autres enfants, Jean-Baptiste Barbé, le célèbre graveur, et Antoine Barbé, le troisième. On connaît d’Antoine Barbé, le deuxième, des pavanes et courantes insérées dans un recueil intitulé : Petit Trésor des danses et branles à quatre et cinq parties des meilleurs autheurs, propres à jouer sur les estremenz (sic). Imprimé à Louvain, chez Pierre Phalese, libraire juré, l’an 1573 ; in-4o oblong. La sœur de ce dernier, nommée Jeanne, épousa d’abord Corneille Van Mildert, organiste de l’église de Notre-Dame, et, à la suite du décès de celui-ci, Sévérin Cornet, compositeur, qui, après Gérard de Turnhout, devint aussi maître de musique à la même église. En 1562, Antoine Barbé, parvenu à un âge avancé et fatigué par ses travaux incessants, obtint sa retraite et quitta la direction de la maîtrise, dans laquelle il fut remplacé par le célèbre compositeur précité, maître Gérard de Turnhout. Mais il ne jouit pas longtemps de l’aisance qu’il avait acquise ni du repos qu’il avait sollicité : il mourut, moins de deux ans après avoir donné sa démission, non le 2 décembre (comme on l’a imprimé par erreur dans la Biographie universelle des musiciens, 2e édition), mais le 4 décembre 1564. Par son testament, il fonda, entre autres, en faveur des chapelains, ses confrères, deux distributions annuelles d’argent et de pain, aux jours commémoratifs de sa mort et de celle de sa femme. En outre, il leur donna le revenu d’une année d’un bénéfice à l’autel paroissial, dont, en devenant prêtre, il avait été pourvu par le chapitre. Un tableau représentant la sainte Vierge, avec les portraits d’Antoine Barbé le Vieux et de sa femme, était resté après leur mort en possession de leur fils Jean. Celui-ci, par son testament du 23 décembre 1573, le légua à sa sœur Jeanne, alors épouse du compositeur Sévérin Cornet.

Antoine Barbé, le troisième, petit-fils du maître de chapelle, fut organiste à Saint-Jacques, à Anvers, de 1595 à 1626. Il paraît certain, dit M. Fétis (op. cit.), que cet artiste est l’auteur du livre intitulé : Exemplaire des douze tons de la musique et de leur nature. Anvers, 1599 ; in-4o. Ses armes sont gravées sur un pilier de cuivre donné par lui et placé, en 1627, à la chapelle de Saint-Antoine, en l’église de Saint-Jacques, avec la devise : Spes altera vitæ.

Chev. L. de Burbure.

BARBÉ (Jean-Baptiste), graveur en taille-douce et à l’eau-forte. La date de la naissance de cet artiste, dont le nom est quelquefois écrit Berbé, est rapportée par les uns à l’année 1572, par d’autres à 1585 ou à 1590. Elle doit être fixée, d’après nos découvertes, à l’année 1578 : Jean Barbé fut baptisé, le 28 juillet de cette année, à la cathédrale d’Anvers. Il était fils d’Antoine Barbé, deuxième du nom, musicien-compositeur, et de Jeanne Ceels. Né dans une famille où le goût des arts était héréditaire, il sentit de bonne heure se développer son penchant pour le dessin et la gravure, et ce penchant devint d’autant plus vif qu’on y mit d’abord obstacle. Ce n’est qu’en 1595 que Barbé obtint la permission d’entrer comme élève dans l’atelier du graveur Philippe Galle, qui était alors dans la maturité de son