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Votre Majesté étaient incomparables. Ces qualités, jointes à l’amabilité de son caractère, me le font vivement regretter, et c’est un sentiment qui est partagé par tout le monde. Le vide qu’il laisse pour tout ce qui était à sa charge est considérable. Quant au militaire, ça été une disposition de Dieu que j’aie en ce moment auprès de moi le prince Thomas (de Savoie) et le duc de Lerma, qui sont des personnes de toute satisfaction….. A l’égard du gouvernement politique, le marquis l’entendait si bien, et il avait une telle connaissance des habitants de ces provinces et de la manière de les conduire, que je ne vois pas comment on pourra le remplacer[1]. »

Don Francisco de Moncada, troisième marquis d’Aytona, n’était pas seulement un habile diplomate et un homme de guerre distingué : avant, que sa vie fût tout entière consacrée aux affaires publiques, il s’occupait de littérature et il avait écrit plusieurs ouvrages. On a de lui :

Expedicion de los Catalanes contra Griegos y Turcos. Barcelone, 1623, in-4o ; réimprimée à Madrid, 1775 et 1805, et à Barcelone, 1842 ; in-8o ; insérée, par M. Ochoa, dans le Tesoro de los historiadores españoles. Paris (Baudry),1841 ; in-8o.

Vida de Manlio Torquato Severino Boecio, imprimée après sa mort, Francfort, 1642 ;

3° Une généalogie de la maison de Moncada, insérée par Pierre de Marca, dans son Histoire de Béarn. Paris, 1650 ; in-4o.

La Bibliothèque royale à Bruxelles possède d’Aytona deux recueils de lettres inédites : l’un contient celles qu’il écrivit au comte-duc d’Olivarès pendant son ambassade à Vienne et aux PaysBas ; le second celles qu’il adressa à Philippe IV, depuis son arrivée à Bruxelles jusqu’à la fin de 1633. Ces lettres, auxquelles, comme on a pu le voir, nous avons fait de nombreux emprunts, jettent de vives lumières sur les événements qui se passèrent en Allemagne et aux Pays-Bas, et les mouvements de la politique européenne, pendant les dix années qu’elles embrassent.

Gachard.

*AYTTA (Viglius D’), de Zuichem, président du conseil privé et du conseil d’État, né le 19 octobre 1507 à Barrahuys, habitation de campagne de ses parents, non loin du village de Zuichem, en Frise. Il était fils de Volkert Aytta et d’Ida Hannia, tous deux issus de familles distinguées. Toutefois la direction de son éducation fut confiée à son oncle paternel Bucho d’Aytta, d’abord curé de Huizum, puis appelé, pour son mérite supérieur, à remplir les fonctions éminentes de conseiller de la Frise et de membre de la cour de Hollande. Le jeune Viglius, après avoir terminé ses premières études à Deventer et à Leyde, reçut la tonsure cléricale le 19 septembre 1522. Il se rendit bientôt à l’Université de Louvain et y demeura pendant près de quatre ans, se livrant avec ardeur à l’étude du droit. De Louvain il alla à l’Université de Dôle, où il passa trois ans, d’abord comme élève puis comme professeur particulier. Il compléta ses études à Avignon, où il suivit les leçons du célèbre André Alciat, et à Valence, en Dauphiné, où il reçut le bonnet de docteur, le 8 mai 1529. On le trouve ensuite à Bourges, remplaçant Alciat dans la chaire confiée à ce professeur eminent, et travaillant à son premier ouvrage, intitulé : De Institutione jurisconsulti. Enfin, en 1531, il passe les monfs et obtient la chaire des Institutes à l’Université de Padoue. Ce ne fut pas pour longtemps, car il ne tarda point à être nommé official de François de Waldeck, prince-évêque de Munster. Après la défaite des anabaptistes, qui s’étaient rendus maîtres de cette ville, Viglius quitta François de Waldeck et accepta de l’électeur de Bavière, avec le titre de conseiller, la chaire de droit à

  1. Ha hecho el servicio de V. M. una gran pérdida, porque su zelo, su euydado y atencion eran incomparables. Por esta parte y lo que él era amable ha sido de gran sentimiento para mi, y generalmente ha dexado mucho desseo de si. La falla que hará para todo lo que era de su cargo sera grande. Para lo militar ; ha sido providencia de Dios que oy se hallen cerca mi persona el principe Thomás y el duque de Lerma, porque son personas de toda satisfacion….. En quanto al gobierno politico, el marqués lo tenia tan compreendido y tenia tanto conocimiento de los naturales destas provincias y forma de governalles, que no veo cosa que pueda suplir su falla…..(Lettre du 20 août 1635, aux Archives du royaume.)