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tricht. Tandis qu’il était occupé à concentrer les troupes destinées à cette expédition, il reçut des lettres du roi qui lui prescrivaient de congédier les états généraux. Comme il ne pouvait en ce moment quitter l’armée, il chargea l’audiencier[1] de notifier les intentions du roi aux états, lesquels se déclarèrent prêts à y obtempérer, et se séparèrent en effet le 10 juillet[2]. Ce fut le même jour qu’Aytona investit Maestricht. Il forma de ses troupes quatre corps commandés par le duc de Lerma, le comte Jean de Nassau, le marquis de Lede et le baron de Balançon. Le prince d’Orange, dès qu’il avait eu vent du projet du général espagnol, avait fait entrer dans la place le duc de Bouillon avec quatre mille cinq cents hommes d’infanterie et quinze compagnies de cavalerie. Pour mieux l’empêcher encore de poursuivre son entreprise, il fit mine de vouloir assiéger Breda, et le 3 septembre, il se présenta devant cette ville à la tête de forces considérables. Ainsi qu’il l’avait prévu, Aytona accourut aussitôt, avec la plus grande partie des troupes qui étaient devant Maestricht, pour lui faire lever le siége ; à leur approche, Frédéric-Henri se retira et renvoya les siennes dans leurs quartiers. Aytona fit, le 8 septembre, son entrée dans Breda comme en triomphe ; il y fut reçu par les habitants avec de grandes démonstrations de joie, et pour perpétuer la mémoire de cet événement, on grava, sur une pierre qui fut placée dans la principale église, une inscription portant que cette ville, autrefois conquise par la valeur de Spinola, avait été délivrée du siége par l’approche d’Aytona et par la seule terreur de son nom. On fit même frapper une médaille en son honneur. Maestricht, cependant, avait été ravitaillée, et les Espagnols durent renoncer à s’en rendre maîtres. Aytona ramena ses troupes dans la Campine, se contentant d’observer les mouvements du prince d’Orange jusqu’au moment où les deux armées prirent leurs quartiers d’hiver[3].

Sur ces entrefaites, on apprit, à Bruxelles, que le cardinal-infant (voir Ferdinand d’Autriche) n’était plus qu’à quelques journées des frontières des Pays-Bas : le 15 octobre, Aytona quitta cette capitale, avec une suite nombreuse de noblesse, pour se porter au-devant de lui ; il le rencontra, le 23, à Juliers. Là il se démit, entre ses mains, du gouvernement intérimaire qui lui avait été confié. Le roi, dès le mois de novembre 1632, l’avait nommé grand maître (mayordomo mayor) de la maison de son frère[4] ; il entra immédiatement dans l’exercice de cette charge, conservant, du reste, le commandement des troupes sous les ordres du prince, dont il ne tarda pas à avoir toute la confiance.

Le 2 avril 1635, à la nouvelle qu’un corps espagnol s’était emparé de Trèves par surprise, le cardinal-infant l’y envoya, pour reconnaître l’état de la ville, et y introduire un renfort d’infanterie et de cavalerie avec des munitions de guerre. A son passage par Luxembourg, Aytona vit l’électeur, qui y avait été conduit prisonnier ; il s’efforça, avec peu de succès, d’obtenir son concours à des mesures que projetait le gouvernement espagnol. Arrivé à Trèves, il jugea nécessaire, après en avoir inspecté les fortifications, d’y tracer trois nouveaux forts : l’un au delà de la Moselle, les deux autres au haut et au-dessous de la ville. Il revint à Bruxelles le 20 avril. Le mois suivant, il accompagna le cardinal-infant, lorsque ce prince alla se mettre à la tête de l’armée, pour résister aux Français et aux Hollandais coalisés qui avaient envahi le Brabant ; il le suivit plus tard au pays de Clèves. Le 11 août, au camp de Goch, il fut pris d’une fièvre maligne qui l’emporta six jours après. Le cardinal-infant, dans la lettre où il donna avis de sa mort à Philippe IV, rendit un hommage mérité à sa mémoire : « Le service de Votre Majesté, lui écrivit-il, a fait une grande perte : le zèle, la sollicitude, l’attention du marquis d’Aytona pour les intérêts de

  1. Louis-François Verreycken, baron de Bonlez, audiencier et premier secrétaire d’État.
  2. Actes des états généraux de 1632, t. II, pp. 347 et suivantes.
  3. ’Gazette de France, année 1634. — Van Loon, Histoire métallique des Provinces-Unies, t. II, p. 217. — Histoire générale des Provinces-Unies, t. VIΙΙ, pp. 7 et 8.
  4. Lettre d’Aytona au roi, du 26 novembre 1632.