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compagnies de cavalerie hollandaise, disputait ce passage au baron de Balançon du côté de Ruremonde. Il entra dans Stevensweert, qu’il fortifia, renforça la garnison de Gueldre et occupa le château de Montfort ; mais, pendant ce temps, le gouverneur de Rhinberg avait capitulé (3 juin). Le reste de la campagne se passa en marches et contre-marches des deux armées : par l’habileté de ses dispositions et la promptitude de ses mouvements, Aytona déjoua tous les projets de Frédéric-Henri, quoique celui-ci eût reçu un renfort de trois à quatre mille hommes de cavalerie suédoise. En Flandre, le roi perdit le fort de la Philippine, dont s’empara le comte Guillaume de Nassau, lieutenant du prince d’Orange ; le fort de Sainte-Anne était aussi tombé au pouvoir de ce dernier, mais le comte de Fontaine le reprit. Les deux armées, espagnole et hollandaise, rentrèrent dans leurs garnisons à l’approche de l’hiver[1].

Le 1er décembre 1633 mourut l’infante Isabelle (voir ce nom). Philippe IV, dès le mois de mars 1630, avait envoyé au marquis d’Aytona un pli cacheté qu’il ne devait ouvrir que lorsqu’il verrait en danger la vie de la princesse : ce pli renfermait des lettres par lesquelles, en cas de décès de sa tante, le roi commettait au gouvernement politique des Pays Bas, avec lui Aytona, le duc d’Arschot,, l’archevêque de Malines, don Carlos Colonia, le marquis de Fuentes et le comte de Feria. Aytona se hâta de convoquer le conseil d’État, pour lui donner communication de la volonté royale. Les nouveaux gouverneurs, à l’exception du duc d’Arschot, qui était en Espagne, entrèrent tout de suite en fonctions ; mais ils n’exercèrent pas longtemps le pouvoir dont ils venaient d’être investis : le 30 décembre, le marquis d’Aytona, qui avait conservé le commandement de l’armée, fut nommé par le roi lieutenant, gouverneur et capitaine général des Pays-Bas et de Bourgogne jusqu’à l’arrivée du cardinal-infant Ferdinand, son frère, à qui, depuis plusieurs années, ce gouvernement était destiné. Il notifia sa nomination aux états et aux conseils de justice des Pays-Bas par des lettres du 24 janvier 1634. Le 27, les états généraux, qui étaient assemblés à Bruxelles depuis le mois de septembre 1632, lui envoyèrent une députation pour le complimenter.

Nous avons dit, dans la notice consacrée à Philippe-Charles d’Arenberg, duc d’Arschot[2], comment la conjuration de la noblesse belge avait été révélée à la cour de Madrid. Philippe IV, dans le même temps qu’il se déterminait à faire arrêter à sa cour le duc d’Arschot, donna l’ordre à Aytona de s’assurer des personnes des princes d’Épinoy et de Barbançon et du comte de Hennin[3]. Aytona se mit incontinent en mesure de l’exécuter ; mais il n’y réussit qu’à l’égard du prince de Barbançon (voir ce nom) ; les deux autres, avertis à temps, se réfugièrent en France. Deux jours après cet événement, qui avait jeté une grande inquiétude dans les esprits, le 29 avril, il publia un manifeste destiné à les rassurer ; il y disait que « le roi avait toujours tenu et tenait ses sujets des provinces obéissantes, de quelque qualité ou condition qu’ils fussent, pour très-fidèles, très-obéissants et très-affectionnés à S. M., et qu’outre ce, S. M. se tenait pour entièrement apaisée de ceux qui se pouvaient avoir aucunement oubliés, tout ainsi comme si rien n’en fût advenu, en leur pardonnant ce en quoi ils pouvaient avoir mespris en ce regard, sans exception de fautes ni de personnes, sauf des condamnés par sentence du grand conseil, des détenus, de ceux qui s’étaient à cette occasion absentés passé un an, des princes d’Épinoy et de Barbançon et du comte de Hennin, lesquels S. M. avait commandé d’être mis en lieu d’assurance, pour leur propre bien et la tranquillité du pays[4]. » Cette amnistie produisit un bon effet.

Jaloux de signaler son administration par quelque entreprise d’éclat, Aytona conçut le dessein de reconquérir Maes-

  1. Lettres d’Aytona au roi, des 16 juin, 4 août, 23 septembre et 4 novembre 1633.
  2. Page 394.
  3. Lettre du 18 mars 1634. (Archives du royaume.)
  4. Gazette de France, année 1634, n° 46, p. 189.