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dont j’ai formé un cabinet assez considérable. »

Ce cabinet, ainsi que sa collection de médailles installés par lui dans le magnifique château d’Hodoumont, dont-il avait tracé les jardins, fut vendu et dispersé à Anvers, en 1838. D’Auvin était mort, dans sa belle propriété, le 23 février 1837, en laissant quatre enfants, dont un fils et une fille, issus de sa femme Alexandre Marotte.

Le baron d’Auvin a su conquérir une place dans le domaine littéraire par une publication bizarre mais intéressante, divisée en divers cahiers publiés à des intervalles inégaux, de 1815 à 1836. Les neuf premiers fascicules édités à Bruxelles portent pour titre : Mélanges de littérature et de politique pour servir à l’histoire ou pot-pourri par M. d’Auvin, Belge. Au dixième cahier, imprime en 1828, son nom est remplacé sur la couverture par celui de Jacques, qui est censé être son valet, le maître étant devenu trop vieux pour écrire encore lui-même. Le quinzième cahier porte la date de juin 1836. Il est terminé par une prière d’adieu, pleine de généreux sentiments et dans laquelle l’auteur annonce qu’étant près de sa fin, il cesse cette publication. Du reste, ce soi-disant Jacques était le pseudonyme d’un ancien serviteur, type de fidélité et d’honnêteté, qui s’appelait Jean-Charles Charlier et qui demeura chez lui pendant cinquante-six ans, sans qu’il eût jamais écrit une seule ligne pour son maître. Les Mélanges justifient leur titre et forment un véritable pot-pourri, une sorte de journal où d’Auvin jette pêle-mêle des historiettes, des extraits de journaux, des récits de causes célèbres, des débats parlementaires, des petits traités de morale, des aperçus historiques, des anecdotes, des pensées philosophiques et des aphorismes. Au milieu de cet amas confus, on remarque cependant un esprit droit, frondeur et caustique, mais surtout disposé au bien. L’auteur ne manquait ni de culture littéraire, ni d’érudition, et bien que cette espèce de mémorial soit dépourvu d’ordre et de méthode, il réunit l’agrément à un certain intérêt historique. Quand il parle des événements du royaume des Pays-Bas qui préparèrent la révolution de 1830, ses tirades contre les ministres et les actes du roi Guillaume Ier, comme celles qu’il lance contre Napoléon Ier, sont fort vives. On voit que tout ce qui était tyrannique et injuste blessait profondément sa conscience et son patriotisme. Contrairement à ceux qui écrivent des mémoires de leur temps, le baron d’Auvin est fort sobre de détails personnels ; il ne parle presque jamais de lui-même. Peu soucieux du bruit ou des honneurs, il se tint constamment à l’écart, et ne voulut même pas faire reconnaître officiellement son titre de baron par le gouvernement hollandais.

Les Mélanges, pour être complets, doivent former seize cahiers in-8o, qui sont recherchés des bibliophiles et qu’on trouve rarement réunis ; le seizième cahier surtout est peu commun.

Le Courrier de la Meuse a consacré aux Mélanges un compte rendu, dans son numéro du 7 septembre 1825.

Bon de Saint-Genois.

Galliot, Hist. de Namur, t. III, p. 329, t. IV, p. 163. — Documents de famille. — Dictionnaire universel et classique d’histoire et de géographie. — Goethals, Onomasticon, p. 93.

AUVIN (Jean D’) ou DAUVIN, évêque de Namur, naquit en 1559, selon toute probabilité, dans cette ville et y mourut le 15 septembre 1629. Son père, Jean d’Auvin, et sa mère, Marie de Monbeek, tenaient un rang distingué dans la noblesse de la province de Namur. Après avoir obtenu le grade de licencié en théologie, il devint chanoine gradué de la cathédrale, et, depuis 1597, archidiacre du diocèse et grand vicaire de l’évêque de Buisseret, son prédécesseur. Nommé à son tour au siége épiscopal à Namur, par les archiducs, en 1614, et confirmé en cette qualité par le pape Paul V, il fut sacré, le 22 novembre 1615, par F. Vander Burch, évêque de Gand, assisté de l’évêque de Bois-le-Duc et du suffragant de Liége. Gramaye, qui semble avoir eu recours à ses connaissances historiques pour la composition de ses Antiquitates Belgicæ, assure que c’était un homme de savoir et de grande piété (Namurcum, p. 47). En 1617, il contribua puissamment à la restauration de l’église