Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écartelés, un brûlé vif et d’autres exilés. Il est l’auteur de la lettre circulaire du 2 septembre 1575, que le commandeur a adressée à tous les États et qui traitait des questions politiques et religieuses alors sur le tapis.

A la mort de Requesens, arrivée le 5 mars 1576, le conseil d’État prit les rênes du gouvernement. La situation critique du pays forçait pour ainsi dire ce gouvernement provisoire d’être en permanence : il avait souvent deux séances par jour, et d’Assonleville en était l’âme, le personnage principal. Le conseil ne fut pas au-dessous de sa tâche, mais ses meilleures mesures ayant été soit ajournées, soit rejetées par le roi, il devint antipathique à tous les partis. C’est alors qu’éclata le coup d’État du 4 septembre 1576, fait avec la participation du prince d’Orange, du duc d’Arschot et des amis de ce dernier seigneur. D’Assonleville le plus suspect d’espagnolisme avec Berlaymont, de Mansfelt et de Meghem, ne fut remis en liberté que le 23 mars 1577. Le mémoire justificatif de sa conduite et de celle de ses collègues qu’il publia alors, prouve que si Philippe II avait adopté les propositions du conseil, les vœux les plus ardents du pays étaient réalisés. Don Juan, à son arrivée à Bruxelles, le 1er mai 1577, prit encore, comme principal conseiller, notre d’Assonleville, le grand représentant de la politique espagnole. Au mois d’avril 1578, nous le trouvons à Louvain avec le conseil d’État que Don Juan y avait transféré et qui ne comptait plus alors que lui, Fonck et les deux secrétaires (Delrio était au camp) ; tous les autres membres avaient embrassé le parti des états généraux. Au mois d’avril 1579, il reçut l’importante mission de se rendre au congrès de Cologne, pour essayer vainement une dernière tentative de conciliation entre le roi et les députés de l’archiduc Mathias. Il y eut alors des négociations entre le prince de Parme, le prévôt Fonck, l’abbé de Sainte-Gertude, le secrétaire De Vaulx et d’Assonleville pour attenter à la vie du prince d’Orange. L’agent le plus actif était le duc de Terranova. Il est fort douteux que d’Assonleville soit l’auteur de la lettre du 31 juillet 1580, que rapporte l’historien Bor, qui renferme de méchantes insinuations contre le Taciturne et que Renneberg avait interceptée lors du siège de Steenwyck.

On l’accuse, non sans raison, d’avoir trempé dans l’assassinat du prince d’Orange. Il est constaté que d’Assonleville a été l’intermédiaire direct entre Farnese et Balthazar Gérard ; qu’il encouragea le meurtrier dans son entreprise ; qu’il lui donna des instructions et renseignements propres à commettre le forfait ; qu’il lui garantit de nouveau les récompenses et les honneurs, et enfin lui promit l’immortalité.

Dès sa création en 1582, d’Assonleville fit partie de la chambre des récompenses qui devait annoter et gérer les biens confisqués et séquestrés des condamnés. Cet emploi qui lésait beaucoup les intérêts de Champagny, attira à d’Assonleville l’inimitié personnelle de ce seigneur. Lorsque l’archiduc Ernest d’Autriche, arriva à Bruxelles, comme gouverneur général, en janvier 1594, il prit aussi conseil de d’Assonleville, le vieux et fidèle ministre de ses prédécesseurs. Il remit alors au duc un mémoire dans lequel il signale la corruption, l’indiscipline, les débauches et les exactions de la milice espagnole. En 1594, les Espagnols complotèrent l’assassinat du fils de Guillaume le Taciturne. Philippe II, l’archiduc, d’Assonleville et ses collègues du conseil d’État, paraissent avoir eu leur part dans ces menées coupables. Le 17 novembre de cette année, Pierre Dufour, soldat, né à Nivelles, fut condamné et exécuté pour avoir formé le projet d’assassiner le prince. Suivant la confession de ce criminel, d’Assonleville l’aurait encouragé dans l’exécution de son projet.

Sous Philippe II et les archiducs, d’Assonleville continua à siéger au conseil d’État. Par les lettres patentes du 30 juin 1605, il obtint le titre de baron de Bouchaut ; il ne survécut que deux années à ces honneurs.

Le tombeau de sa famille se trouve dans la chapelle du Saint-Sacrement, à l’église de Sainte-Gudule à Bruxelles. Christophe d’Assonleville a été pré-