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qu’il a rédigés de ces deux missions ont été recommandés à Philippe II comme très-importants pour son service et utiles à consulter. D’Assonleville s’y efforce de démentir le bruit suivant lequel le roi aurait formé le projet d’attenter aux jours de Guillaume d’Orange, en disant que Philippe II était prince bon et justicier, juste, clément et bening.

Au mois de mai 1567, il fut chargé d’une mission confidentielle et délicate auprès du seigneur Jean de Mérode, dont la nièce avait été instituée héritière du comte de Berghes qu’on venait d’assassiner dans les prisons d’Espagne.

Par les dépêches secrètes que la régente avait adressées au roi contre la plupart des seigneurs belges, notamment contre d’Egmont et de Hornes, et que d’Assonleville rédigeait en grande partie, ainsi que par la correspondance politique si active qu’il entretenait avec de Granvelle, personnage toujours bien disposé pour le duc d’Albe, notre conseiller aura beaucoup contribué à la résolution de Philippe II de confier à ce cruel Espagnol le gouvernement des Pays-Bas. Par ordre du duc d’Albe, il partit, au mois de janvier 1569, pour une nouvelle mission en Angleterre, afin de régler le différend qui s’était élevé au sujet de la saisie des navires néerlandais dans les ports britanniques et de la saisie faite, par réciprocité, dans les Pays-Bas, des personnes et des biens des Anglais. La reine Élisabeth ne le reçut pas, à cause des motifs qui regardaient le gouvernement espagnol. Néanmoins, lorsque, le 26 mars 1570, les commissaires anglais arrivèrent à Bruxelles pour terminer cette négociation, le duc d’Albe désigna de nouveau d’Assonleville avec Viglius, Noircarmes et Schetz, afin de s’entendre avec eux. Au mois de juin 1572, jusqu’au milieu de l’année suivante, il suivait avec d’autres conseillers le duc d’Albe dans l’expédition de la Hollande. On dit qu’il y trempa alors dans l’assassinat d’Ewout Piterson Worst, le vaillant amiral des gueux de mer dont Philippe II avait mis à prix la tête.

Pendant le gouvernement du commandeur Requesens, d’Assonleville fut le ministre le plus considérable du parti espagnol à Bruxelles. Les lettres patentes du 7 avril 1574 (nouveau style) lui conférèrent le titre de membre du conseil d’État, poste eminent qu’il occupait de fait depuis plusieurs années et qu’il méritait, du reste, par ses capacités et par ses services. Dans une lettre du 9 du même mois, le commandeur le dit un des meilleurs hommes qu’il y ait aux Pays-Bas, mais très-léger et ayant assez de défauts. Viglius le désigne au roi comme le plus versé dans les affaires d’État. Suivant Hopperus, Philippe II reçoit ses lettres avec beaucoup de plaisir, aussi il ne fut pas oublié dans les largesses du souverain[1]. A cet éloge magnifique, nous pouvons ajouter ce que le commandeur en disait au roi, le 16 septembre 1574 : « Je ne le propose pas pour la présidence du conseil privé, car il ferait faute pour les affaires qui passent toutes à présent par ses mains. » Cependant, le 24 du même mois, le gouverneur général le recommanda pour la place de trésorier de la Toison d’or, ouverte ensuite du décès de Charles Tisnacq. Il obtint cet emploi, qui avait surtout de l’importance en ce que cet officier était appelé, à l’occasion, à remplacer le chancelier de l’ordre.

Orateur du gouvernement dans la séance des états généraux du 7 juin 1574, d’Assonleville ne se borna pas à traduire en français la demanda d’aides faite en espagnol par Requesens, il prononça en même temps un véritable discours politique. Il eut encore une fois l’occasion de prendre la parole au nom du gouvernement, dans la fameuse junte du 24 novembre 1574. Il paraît avoir manque de prudence dans ce discours, qui lui attira le blâme de Requesens. Dans la nuit du 13 décembre 1574 éclata, à Anvers, une conspiration qui avait pour but de livrer la ville au prince d’Orange. Les individus arrêtés furent jugés par une commission spéciale dont d’Assonleville faisait partie : quatre d’entre eux furent

  1. Par lettre du 10 août 1574, il reçut 600 florins de pension annuelle qu’il cumulait tant avec les 1200 florins de gages comme conseiller et à partir de 1582, qu’avec 1916 florins de traitement comme membre de la chambre des récompenses.