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rançon, il passa au service du prince-cardinal de Groesbecq, son cousin, qui le nomma gouverneur du marquisat de Franchimont, en 1578. Il exerça ces fonctions avec une grande autorité, qu’il s’arrogea parfois aux dépens des droits du prince ; toutefois il rendit au pays des services importants. Robert d’Aspremont fut encore honoré du titre de grand maître de la cour du prince électeur de Bavière, de celui de général d’artillerie ; enfin il remplit auprès de la cour de Madrid les fonctions d’ambassadeur.

Général Guillaume.

Piron, Levensbeschryving. — Moreri, Dictionnaire historique. — Detrooz, Histoire de Verviers. — Butkens, Annales généalogiques de la maison de Lynden.

ASSCHE (Godefroid et Henri D’), hommes de guerre du xie siècle. — Les deux frères Godefroid et Henri d’Assche figurent avec un certain éclat parmi les chevaliers lotharingiens et belges qui prirent part à la première grande croisade. Ils appartiennent à l’importante lignée des seigneurs d’Assche, qui, investis de la dignité de guidons héréditaires du Brabant, virent leur descendance mâle et directe s’éteindre vers 1217, année où la dernière représentante de leur nom, Elisabeth, fit entrer les titres de leur race dans la famille des Grimberghe par son mariage avec Guillaume, seigneur de cette maison. La date de leur naissance est inconnue ; mais on peut la placer approximativement entre les années 1050 et 1060. La première fois que leur nom se trouve positivement mentionné, c’est dans l’acte de vente par lequel Ide de Boulogne et ses deux fils, Godefroid de Bouillon et Baudouin, transportèrent au chapitre de Sainte-Gertrude de Nivelles les alleux de Baisy et de Genappe : acte qui, selon le cartulaire de cet établissement, s’accomplit en 1096, dans l’église de Saint-Servais à Maestricht et que Godefroid et Henri d’Assche signèrent comme témoins.

Attachés l’un et l’autre à la maison militaire du duc Godefroid, ils partirent avec lui pour l’Orient dans le courant du mois d’août 1096. L’armée lotharingienne prit route, comme on sait, par l’Allemagne et par la Hongrie. Mais, quand elle fut arrivée à la frontière de ce royaume, il fallut négocier avec le roi Kalmany, afin d’obtenir le libre passage à travers ses États. Douze chevaliers furent chargés de cette mission, et à leur tête se trouva Godefroid d’Assche, qui porta la parole au nom de son maître et qui, d’après l’historien Guillaume de Tyr, avait déjà été précédemment envoyé en qualité de négociateur auprès de ce souverain. Lorsque l’armée eut planté ses tentes sous les murs de Constantinople et que l’empereur Alexis eut sollicité à plusieurs reprises Godefroid de Bouillon à venir lui faire une visite dans sa capitale même, le duc, craignant une de ces embûches si familières à la cour de Byzance, fit connaître son refus à l’empereur par l’intermédiaire de trois chevaliers, parmi lesquels nous voyons encore figurer Godefroid d’Assche.

Jusqu’alors ce seigneur n’avait rempli que des missions où la parole avait eu à se faire entendre plutôt que l’épée à se montrer, et peut-être fut-il aussi, plus tard, de même que son frère, parmi les grands dignitaires de la maison du duc, qui, avec leur maître, prêtèrent entre les mains de l’Empereur le serment d’hommage exigé des croisés par le despote byzantin.

Mais, une fois l’armée transportée en Asie et parvenue à l’extrémité du territoire de l’empire, que les Musulmans n’avaient pas encore entamé, un rôle plus actif commença pour les hommes de guerre. Selon le témoignage de Guillaume de Tyr et d’Albert d’Aix, Godefroid et Henri d’Assche se signalèrent parmi les plus braves. Ces historiens les qualifient tantôt de milites fortissimi, tantôt de strenuitate commendabiles, tantôt encore d’hostibus infestissimi, sans toutefois nous indiquer avec quelque détail les actes d’éclat par lesquels les deux héros belges se distinguèrent. Seulement, au siége de Nicée, qui eut lieu durant les mois de mai et de juin 1097 et qui constitue un des faits militaires les plus mémorables de la première croisade, nous voyons Henri d’Assche diriger la construction d’une de ces énormes machines désignées par la balistique du moyen âge sous le nom de vulpes, renards, et destinées à