Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venues par le temps noirâtres. Ce défaut provient de ce qu’il glaçait souvent jusqu’à trois ou quatre reprises différentes les endroits qu’il voulait colorier.

Van Artois, dont la réputation s’était étendue au loin, et dont les productions étaient très-recherchées, avait réussi à se faire une belle fortune. Admis dans la société des grands, qui le recherchaient à cause de l’aménité de son caractère et des brillantes qualités de son esprit, il voulut les traiter magnifiquement chez lui ; il dissipa, ainsi, en fêtes et en festins une fortune laborieusement acquise par son talent, et mourut, vers 1665, dans un état voisin de la misère. On trouve son portrait dans le Gulden Cabinet, de De Bie, gravé par P. de Jode, d’après Jean Meyssens.

P.-C. Vander Meersch.

Descamps, Vies des Peintres, t. II, p. 213. — Siret, Dictionnaire historique des Peintres, 2e éd., t. I, p.46 — Kramm, Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche Kunstschilders, 1e deel, bl 28. — De Bie, Gulden Cabinet, bl. 300. — Balkema, Biographie des Peintres flamands et hollandais, p. 6 — Houbraken, Schouburgh der nederlandsche Konstschilders, 1e deel, bl. 368. — Immerzeel, Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche Kunstschilders, 1e deel, bl 13.

ARTOT (Alexandre-Joseph), violoniste et compositeur de musique, né à Bruxelles le 4 février 1815 et mort à Ville-d’Avray, près de Paris, le 20 juillet 1845. Artot était fils de Maurice Montagny, dit Artot, premier cor de l’orchestre du théâtre royal de Bruxelles. Son père lui enseigna les éléments de la musique et, dès l’âge de cinq ans, le jeune Artot solfiait avec facilité. On voulait qu’il apprît le cor, mais il préférait le violon et grâce aux leçons de M. Snel, il fit des progrès si extraordinaires, qu’à sept ans on l’en tendit au théâtre, où il joua un concerto de Viotti. À l’âge de huit ans, il fut envoyé par son professeur à Paris et admis parmi les pages de la musique de la chapelle de Louis XVIII. Les frères Rodolphe et Auguste Kreutzer devinrent successivement ses maîtres et le mirent en état de se présenter aux concours du Conservatoire, où il remporta, en 1827, le second, et, en 1828, le premier prix de la classe de violon. Le jeune artiste, alors âgé de 13 ans, revint en Belgique et se rendit de là à Londres : comme à Bruxelles, il y fut chaleureusement applaudi dans les concerts où il se fit entendre. Dès lors sa réputation était faite et les succès qu’il remporta dans les principales villes de l’Europe donnèrent à son nom une juste célébrité.

Non content des pérégrinations qu’il avait faites en France, en Angleterre, en Allemagne, en Valachie, en Hollande, en Italie, même dans les profondeurs de la Russie, Joseph Artot brûlait du désir de se faire entendre en Amérique. Il s’associa avec une célèbre cantatrice, madame Damoreau, qui, arrivée à l’âge de 42 ans, venait de quitter le théâtre. Quoiqu’Artot fût à peine relevé d’une indisposition qui avait inspiré de graves inquiétudes à ses amis, les deux artistes, après une tournée triomphale en France, s’embarquèrent à Liverpool, le 13 septembre 1843, sur le Great-Western et arrivèrent le 9 octobre à New-York. Les nombreux concerts qu’ils donnèrent dans cette ville leur ayant valu les plus brillantes ovations, ils se rendirent à Boston, puis à Charlestown, où le talent expressif d’Artot lutta avec avantage contre celui du violoniste norvégien Ole Bull, et s’embarquèrent, le 2 janvier 1844, pour la Havane. Cette ville fut pour eux le théâtre de succès prodigieux, et douze concerts, qui eurent lieu au bout de peu de jours, purent à peine satisfaire l’empressement de la population. Ils donnèrent ensuite des concerts à l’île de Cuba et à la Nouvelle-Orléans. Arrivés au terme de leur itinéraire, ils retournèrent en Europe, où ils débarquèrent au Havre, le 9 août 1844.

Artot, dont les fatigues et les émotions de cette vie nomade avaient épuisé la vitalité, ne put plus se faire illusion sur le sort qui le menaçait : pour conjurer le mal, il se rendit à Nice et parvint à y rétablir en partie sa santé délabrée. Mais emporté par la vivacité de son caractère, il osa reprendre de nouveau ses voyages, donna avec madame Damoreau des concerts à Marseille, et se rendit en Espagne, où son talent obtint une nouvelle consécration. Cependant, au milieu de son triomphe, dans un concert, chez la reine Isabelle, il fut pris d’un grand refroidissement : le danger devint im-