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entre ses mains (3 mai). Peu après, la plupart des villes flamandes embrassèrent la cause de la liberté, l’abondance revint à Gand, et le peuple salua le rewaert du titre de sauveur de la patrie. Il fut, dit-on, ébloui de sa gloire, mais pas au point, cependant, de méconnaître que la situation du pays était encore bien précaire, puisque le comte Louis, par son gendre et son héritier, le duc de Bourgogne, allait disposer de toutes les forces du roi de France. Il fit de nouvelles démarches pour obtenir une paix honorable, mais, bien que victorieux, il ne fut pas écouté. Une forte armée française, guidée par une foule de Leliaerts flamands, s’avança dans l’intérieur du pays, et Philippe, laissant quelques troupes devant Audenarde, marcha à sa rencontre avec cinquante mille hommes de milices flamandes. La bataille se livra à West-Roosebeke, près de Roulers, et parut d’abord favorable aux Flamands ; mais quand on déploya l’oriflamme, beaucoup d’entre eux, surtout ceux du Franc-de-Bruges, furent saisis d’une panique invincible et entraînèrent dans leur fuite désordonnée l’armée entière. Plusieurs milliers de gens d’armes périrent étouffés par la masse des fuyards, et parmi eux Philippe d’Artevelde, dont le cadavre fut suspendu par les pieds à un arbre, d’après l’ordre du jeune roi ou plutôt de ses meneurs (27 novembre 1382). Ainsi mourut au champ d’honneur et dans la force de l’âge le chef des communes flamandes qui, par sa prudence, sa bravoure et son patriotisme, avait dignement soutenu le glorieux nom qu’il portait. A lui aussi sa ville natale doit encore une statue.

J.-J. De Smet.

ARTEVELDT (André VAN), peintre à Anvers en 1570. Voir Ertvelde (André VAN).

ARTHOIS (Ambroise D’), écrivain ecclésiastique, né dans la Flandre française au xviie siècle et mort à Spa en 1659. On ignore le lieu de naissance de ce personnage, qui, d’après l’historien Échard, était d’origine flamande. Il entra au noviciat des Dominicains, au couvent de Sainte-Croix, à Douai. Après avoir passé ses thèses de licencié en théologie à l’université de cette ville, il fut nommé régent du collège de Saint-Thomas, qui fut érigé plus tard en couvent. Le père Arthois en fut nommé prieur. Souffrant d’une maladie qui réclamait la cure des eaux, il se rendit à Spa, où il mourut durant la saison des bains de l’année 1659. Il a laissé : Petit Thrésor spirituel contenant diverses pratiques et oraisons dévotes. Douai, 1641, in-16.

F. Vande Putte.

ARTOIS (Jacques VAN), paysagiste, né à Bruxelles en 1613 et mort vers 1665. On ignore qui fut son maître. Descamps soupçonne qu’il fut élève de Wildens ; d’autres biographes prétendent qu’il doit tout à lui-même et qu’il se forma surtout par l’étude de la nature.

On a peu de renseignements sur la vie de cet artiste remarquable ; on sait seulement qu’il peignait avec une grande facilité et qu’il entretenait des relations d’amitié avec Van Dyck, Craeyer, Zeghers, Van Herp et surtout avec Teniers, dont il était l’ami intime. Ces artistes se plaisaient à peindre ou à retoucher les figures et les animaux de quelques-uns de ses paysages. Le Musée de Bruxelles possède, entre autres, de lui un paysage dont les figures sont peintes par Craeyer et les animaux par Zeghers.

Quoi qu’il en soit, Van Artois fut un des meilleurs paysagistes de son temps ; son pinceau est moelleux et sa touche aussi facile que vigoureuse. Tous ses ouvrages sont d’une grande manière ; il traitait surtout les ciels et les lointains avec un art inimitable, et son feuille révèle le faire d’un artiste consommé. Van Artois avait l’habitude d’orner le devant de ses tableaux de plantes, de ronces, de jonc et de mousse ; tous ces accessoires, sans nuire à l’ensemble et à l’harmonie de ses paysages, ajoutent à la richesse des détails. Van Artois ne paraît pas avoir visité les pays étrangers, afin de se perfectionner dans son art : les sites qu’il a reproduits semblent prouver que le cercle de ses études ne s’étendait pas au delà de la forêt de Soignes, située à peu de distance de Bruxelles ; aussi est-il moins varié que Van Uden. Ses toiles, fortement coloriées à la manière du Titien, sont de-