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prendre l’avis de leurs collègues de Hasselt. En 1251, il éleva Bilsen au rang de ville et octroya de nombreuses immunités à ses citoyens. « Il aimait, dit Villenfagne (Essais critiques, t. I, p. 162), à rendre ses sujets heureux sous l’empire des lois ; mais il ne voulut pas, d’un autre côté, qu’ils se révoltassent contre leurs souverains, ainsi que faisaient souvent les Liégeois, qui ne savaient vivre en paix avec leurs princes. »

A l’exemple de ses ancêtres, Arnoul fit de grandes largesses aux maisons religieuses, notamment aux abbayes d’Orval, d’Averbode, d’Orienten et d’Oeteren[1]. Il confirma tous les privilèges du chapitre noble de Munsterbilsen et déclara exemptes de toutes exactions les personnes exerçant quelque office au nom de l’abbesse. Sa loyauté et ses sentiments de justice lui valurent une grande faveur de la part de Thomas, abbé de Saint-Trond. Par des lettres, probablement émises en 1241, l’abbé lui donna en fief libre, pour lui et ses successeurs, tous les retranchements ou forts avec pont-levis situés dans l’alleu de l’abbaye, à condition de protéger celle-ci contre les attaques auxquelles elle se trouverait en butte.

Mantelius rapporte qu’Arnoul IV, victime de sa passion pour les joutes brillantes de la chevalerie, mourut d’une blessure, reçue à Neuss, dans un tournoi qui avait réuni toute la noblesse de la basse Allemagne. Il place cet événement en 1256 ; mais Villenfagne (Essais critiques, t. I, p. 164) prouve, en se fondant sur deux chartes de ce comte, que son décès doit être reculé jusqu’en 1272. Or, s’il en est ainsi, on peut difficilement admettre qu’Arnoul, parvenu à un âge avancé, eût encore envie de rompre des lances sous les yeux des châtelaines.

De Jeanne, comtesse de Chiny, Arnoul laissa cinq fils et trois filles. Jean, l’aîné, lui succéda au comté de Looz.

J.-J. Thonissen.

Auteurs cités sous la vie d’Arnoul V.

ARNOUL V, comte de Looz et de Chiny, fils de Jean et d’une comtesse de Juliers, commença son règne en 1279. Il débuta par une guerre malheureuse. Ayant été dépouillée de ses États par l’archevêque de Cologne et les habitants d’Aix-la-Chapelle, la veuve de Guillaume IV, comte de Juliers, appela à son aide tous les amis de sa famille. Arnoul répondit à cet appel, avec Henri de Luxembourg, Renaud de Gueldre, Waleran de Fauquemont et plusieurs autres ; mais, pendant qu’ils ravageaient ensemble les terres de l’archevêque, le comte de Looz et son vassal Henri de Pietersheim furent faits prisonniers et durent probablement payer une rançon élevée pour récupérer leur liberté.

La paix ayant été définitivement conclue le 12 avril 1280, Arnoul songea à se marier avec Marguerite, fille de Philippe, comte de Vianden, princesse d’une beauté accomplie et dont la maison était depuis longtemps alliée à celles de Brabant et de Looz. Comme Marguerite était élevée à la cour de Bruxelles, Isabelle de Condé, seconde femme du comte Jean, père d’Arnoul, résolut d’exploiter cette circonstance pour réaliser des vues dont elle avait été constamment préoccupée depuis la mort de son époux. Se plaignant amèrement des dispositions peu généreuses que Jean avait prises à l’égard des enfants nés de son deuxième mariage ; alléguant qu’Arnoul, issu du premier lit, avait recueilli, outre le comté de Looz, plusieurs seigneuries importantes et riches, elle fit partager son ressentiment à son frère Nicolas de Condé, seigneur de Belleville et de Moriamez, alors tout-puissant à la cour du duc Jean Ier. Nicolas usa de son crédit pour faire mettre obstacle au mariage d’Arnoul et finit même par exposer le comté de Looz à une guerre éminemment dangereuse avec le Brabant. Poussé par ses frères Louis et Guillaume, Arnoul résista d’abord et se montra disposé à braver tous les périls ; mais bientôt, redoutant une invasion des Brabançons et poussé par le désir chaque jour plus vif

  1. Comme trait caractéristique des mœurs de l’époque, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que, d’accord avec sa femme Jeanne, Arnoul concéda aux religieux d’Orval le pâturage de quatre cents porcs dans la forêt de Chiny. Le diplôme est daté de janvier 1258.