Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’Arenberg assista à la sanglante bataille de Prague (6 mai) ; il avait, le 28 avril, amené au général Brown, à Tuschkau, une vingtaine de mille hommes, malgré les Prussiens, qui avaient essayé de le couper près de Schlan. Lorsque la victoire de Kollin eut rétabli les affaires de l’Autriche, le feld-maréchal comte de Daun résolut de faire attaquer le poste important de Gabel que défendait le général Puttkammer, et ce fut sur les généraux d’Arenberg et de Macquire qu’il jeta les yeux pour cette entreprise. Ils l’exécutèrent brillamment : en dépit d’une vigoureuse résistance, la garnison se vit réduite à se rendre prisonnière de guerre. D’Arenberg contribua, par sa bravoure, par sa décision, par l’ardeur qu’il inspirait à ses soldats, à la défaite du général prussien de Winterfeld près de Görlitz, le 7 septembre : dans cette action, il était à la tête de toute l’infanterie, le comte de Colloredo, qui la commandait, ayant fait une chute de cheval pendant qu’on marchait à l’ennemi. A l’entrée de l’armée autrichienne en Silésie, la réserve fut placée sous ses ordres, et il alla, avec le général Nadasti, faire le siége de Schweidnitz : là encore il donna des preuves d’intrépidité et de talents militaires qui ajoutèrent à l’estime dont il jouissait dans l’armée. Schweidnitz prise, les deux généraux allèrent rejoindre le prince Charles de Lorraine : ce furent eux qui commencèrent l’attaque à la bataille que ce prince livra, près de Breslau, au prince de Bevern, et dans laquelle les Prussiens furent mis en déroute (22 novembre). Mais la victoire que Frédéric II remporta en personne sur l’armée autrichienne, à Leuthen (5 décembre), fit perdre à la cour impériale le fruit de ces succès.

Dans la campagne de 1758, où il commanda tantôt l’avant-garde et tantôt la réserve, le duc d’Arenberg, que Marie-Thérèse venait d’élever au grade de feldzeugmeister (général d’artillerie), se signala en plusieurs occasions, nommément le 6 octobre, lorsque, ayant opéré sa jonction avec le général Laudon en Lusace, ils défirent un corps prussien assez considérable. Mais il se fit surtout honneur à la bataille de Hochkirch (14 octobre), l’une des plus glorieuses pour les armes autrichiennes de toutes celles qui furent livrées pendant la guerre de sept ans. Il avait le commandement de l’aile droite de l’armée impériale : le comte de Daun lui donna l’ordre d’attaquer l’aile gauche des ennemis et de se rendre maître des redoutes qui la couvraient ; il l’aborda avec une telle résolution que, malgré une défense opiniâtre, il obligea les Prussiens de reculer : son infanterie enfonçait leurs rangs le sabre à la main ou la baïonnette au bout du fusil. Après qu’il se fut emparé des redoutes, il força et franchit les défilés qu’il lui avait été prescrit de passer. La bataille, commencée à cinq heures, était terminée à neuf : la victoire était complète. Dans son rapport à l’Impératrice, le comte de Daun mentionna spécialement les excellentes dispositions que le duc d’Arenberg avait prises. A l’issue de cette campagne, le duc reçut la plus belle récompense qu’il pût ambitionner : le chapitre de l’ordre de Marie-Thérèse, réuni, les 19 et 20 novembre, au quartier général de l’armée impériale, sous la présidence du comte de Daun, l’élut grand’croix de cet ordre, réservé au mérite et aux services militaires, et l’Empereur l’autorisa à en porter les insignes avec ceux de la Toison d’or.

Les deux campagnes suivantes le virent encore figurer parmi les chefs de l’armée autrichienne ; mais il n’y fut pas aussi heureux : le 29 octobre 1759, il essuya un échec. Le maréchal Daun, voulant couper à l’armée du roi de Prusse la communication de Wittenberg, lui avait ordonné de marcher à Kemberg ; il avait avec lui seize à dix-sept mille hommes. Arrivé sur les hauteurs de Schmölling, il trouva les ennemis rangés en bataille dans la plaine : c’étaient les corps des généraux de Rebentisch et Wunsch, qui lui étaient supérieurs en nombre. Dans le même temps, le prince Henri de Prusse occupait Pretsch. Se trouvant par là entre deux feux, il prit le parti de se retirer vers Düben, et, dans ce mouvement, une de ses colonnes fut atteinte par les Prussiens, aux mains desquels elle laissa douze cents prisonniers. Les rapports of-