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de Charles VI, le duc d’Arenberg était en commerce de lettres avec le grand Frédéric ; ce prince écrit à Voltaire, le 2 août 1739 : « Si vous voyez le duc d’Arenberg, faites-lui mes compliments, et dites-lui que deux lignes françaises de sa main me feraient plus de plaisir que mille lettres allemandes dans le style des chancelleries » ; et une autre fois : « Grondez un peu, je vous prie, le duc d’Arenberg, de sa lenteur à me répondre. Je ne sais qui de nous deux est le plus occupé, mais je sais bien qui est le plus paresseux. ».

Léopold-Philippe-Charles-Joseph d’Arenberg avait épousé, en 1711, Marie-Louise-Françoise Pignatelli, fille de Nicolas Pignatelli, duc de Bisaccia, et de Marie-Angélique, comtesse d’Egmont. Il en eut huit enfants.

Gachard.

ARENBERG (Charles-Marie-Raymond, duc D’), d’Arschot et de Croy, né le 1er avril 1721, au château d’Enghien, fils aîné de Léopold- Philippe-Charles-Joseph, se forma au métier des armes par les leçons et l’exemple de son père ; il fit sous ses ordres la campagne de 1743 sur le Rhin comme lieutenant-colonel du régiment d’Arberg infanterie. Après la bataille de Dettingen, où il se montra digne du nom qu’il portait, Marie-Thérèse le nomma colonel du deuxième régiment wallon qui venait d’être créé et auquel il donna son nom ; il prit part, à la tête de ce corps, aux campagnes de 1744 dans les Pays-Bas et de 1745 en Allemagne. Le 28 septembre 1746, l’Impératrice le promut au grade de général-major de ses armées ; au mois d’octobre de l’année précédente, il avait cédé le commande meut du 2e régiment wallon au prince de Stolberg, pour prendre celui du régiment de Baden-Baden. Il fut l’un des généraux qui, lors du siége de Maestricht par les Français, en 1748, reçurent l’ordre de s’enfermer dans cette place. La paix ayant été conclue à Aix-la-Chapelle, l’Impératrice le désigna pour servir aux Pays-Bas.

Dès l’année 1740 (15 décembre), il avait, ainsi qu’on l’a vu dans la notice précédente, obtenu la commission de grand bailli adjoint de Hainaut avec future succession ; ce fut en cette qualité qu’il représenta la reine de Hongrie et de Bohême dans son inauguration à Mons, le 4 mai 1744. En 1749, la charge de lieutenant et capitaine général de Hainaut et gouverneur de Mons étant devenue vacante par la démission du duc son père, Marie-Thérèse la lui conféra (16 mai).

La guerre terminée par la paix d’Aix-la-Chapelle avait fait reconnaître à la cour de Vienne la nécessité de prendre de nouveaux arrangements avec les puissances maritimes pour la sûreté des Pays-Bas ; dans cette vue, elle crut devoir demander aux états de ces provinces un subside extraordinaire et annuel de quatorze cent mille florins. Le prince Charles-Marie-Raymond d’Arenberg fut choisi pour faire cette demande, au nom de l’Impératrice, aux états de Hainaut et de Luxembourg : c’était en 1753. La même année, le duc Charles de Lorraine le chargea de se rendre dans le Franc-de-Bruges, pour visiter les environs de l’Écluse et proposer les moyens de faciliter l’écoulement des eaux qui inondaient souvent les terres des wateringues de ce quartier. Il s’acquitta avec succès de ces différentes commissions.

Nommé, en 1754 (17 mars), colonel propriétaire du régiment de Schulembourg infanterie, et, l’année suivante, lieutenant feld-maréchal (16 janvier), Charles-Marie-Raymond d’Arenberg quitta Bruxelles au mois de septembre 1756, pour se rendre à l’armée impériale en Bohême. La guerre de sept ans venait de commencer. Le 27 février 1757, il eut l’honneur d’être décoré de la Toison d’or par l’empereur François 1er en même temps que le feld-maréchal Brown, et tous deux en reçurent les insignes, à Vienne, le 6 mars, des mains de ce monarque. Quelques jours après, le maréchal et lui repartirent pour l’armée.