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1706). Charles III, dans le même temps, le fit gentilhomme de sa chambre et capitaine de la garde du corps de Bourgogne à Bruxelles (23 septembre 1706). Après que Mons fut tombé au pouvoir des alliés (20 octobre 1709), le conseil d’État lui conféra, par provision, le grand bailliage de Hainaut (3 novembre). Il avait, avec son régiment, pris part à la campagne qui venait de se terminer d’une manière si glorieuse, et avait été blessé à la bataille de Malplaquet.

En 1713, il alla servir dans l’armée impériale du Rhin en qualité de général de bataille ou de maréchal de camp ; il avait été élevé à ce grade, deux années auparavant, par Charles III, devenu depuis empereur sous le nom de Charles VI. La paix ayant été signée en 1714 entre l’Empire et la France, il fit un voyage à Paris, où son esprit, ses manières, sa courtoisie lui valurent de grands succès dans le monde littéraire aussi bien qu’à la cour.

Nommé, en 1716, par Charles VI, lieutenant général de ses armées (17 mai) et colonel propriétaire d’un régiment d’infanterie (22 août), il fit, cette année-là, la campagne de Hongrie sous le prince Eugène ; il se distingua à la bataille de Peterwaradin (5 août), dans laquelle il commandait la gauche de la seconde ligne de l’armée impériale, et au siége de Temeswar, où il fut blessé au visage un jour qu’il était de service dans la tranchée. Après la campagne, il se rendit à Vienne ; il y reçut de Charles VI et de toute la cour l’accueil le plus flatteur. Les deux années suivantes, il retourna à l’armée de Hongrie avec le prince Eugène. L’Empereur, qui, le 2 avril 1718, lui avait conféré le caractère de conseiller d’État d’épée aux Pays-Bas, ajouta, le 13 novembre suivant, aux charges qu’il occupait celle de gouverneur militaire du Hainaut et de la ville de Mons. Ayant prêté serment, en cette dernière qualité, entre les mains du prince Eugène, il partit pour les Pays-Bas.

En ce temps-là, les prérogatives des grands baillis de Hainaut étaient fort étendues ; leur autorité surpassait, en quelque sorte, dans cette province, celle du gouverneur général des Pays-Bas : c’était à eux qu’appartenait, entre autres, la nomination du magistrat de Mons, qui avait, dans les délibérations du troisième ordre des états, une influence décisive. Il parut essentiel à la cour de Vienne, ainsi qu’au ministère de Bruxelles, de restreindre ces prérogatives, et, par des instructions de 1723, l’Empereur les modifia en plusieurs points ; il réserva notamment au gouvernement général la nomination des échevins de Mons. Le duc d’Arenberg réclama contre cette innovation, qui lui était très-sensible. A la suite d’une longue enquête, l’Empereur, par une grâce particulière et « eu égard à ses mérites et services personnels et à ceux de ses ancêtres », lui donna de nouveau le pouvoir qu’il lui avait retiré, en déclarant expressément que ce pouvoir ne pourrait passer à ses successeurs (24 octobre 1731).

Les Belges, à toutes les époques, avaient attaché un grand prix à être gouvernés par des princes du sang : Charles VI, ayant donné une autre destination au prince Eugène, à qui il avait d’abord confié le gouvernement des Pays-Bas, résolut d’envoyer dans ces provinces l’archiduchesse Marie-Élisabeth, sa sœur, si les états voulaient accorder à cette princesse une dotation qui lui permît d’entretenir une cour telle que l’exigeaient sa haute naissance et la dignité dont elle serait revêtue. Le duc d’Arenberg s’employa avec chaleur à faire réussir une combinaison qui était conforme aux vœux et aux intérêts du pays. Le subside annuel qu’il s’agissait d’obtenir était assez considérable (cinq cent mille florins) : dans le Hainaut, il n’eut pas de peine à le faire voter par les états ; mais en Flandre, où son intervention fut jugée nécessaire aussi, la chose souffrit plus de difficultés, à cause des charges qui pesaient sur cette province ; cependant plusieurs voyages qu’il fit à Gand et à Bruges eurent pour résultat d’aplanir tous les obstacles, et il put écrire au marquis de Rialp, secrétaire de la dépêche universelle, à Vienne : « Je n’avois pas trouvé les esprits fort bien préparés, et sans le zèle des amis que j’ai employés et les précautions que j’ai