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cette princesse, et aveu de ce qu’ils traiteraient au nom des états généraux. Six des députés, au nombre desquels était le duc d’Arschot, quittèrent alors la Haye. Sur leur rapport, les états (22 juin) supplièrent l’infante de solliciter du roi l’acte réclamé des plénipotentiaires hollandais ; Isabelle les assura qu’elle l’avait fait déjà et qu’elle allait le faire encore (27 juin). Cependant aucun des courriers qui arrivaient d’Espagne n’apportant l’acte désiré, les états généraux prirent la détermination d’envoyer à Madrid l’évêque d’Ypres, Georges Chamberlain, et le duc d’Arschot (6 juillet). Comme ces membres de leur assemblée se disposaient à se mettre en route, le bruit se répandit que l’ordre était arrivé d’Espagne de séparer les états généraux ; l’évêque ni le duc ne voulurent plus dès lors partir. Plusieurs semaines s’écoulèrent dans cette situation. Les états, ayant obtenu des déclarations rassurantes sur les intentions du roi, requirent Chamberlain et d’Arenberg, au nom des plus chers intérets de la patrie, d’accomplir la mission pour laquelle ils avaient été désignés (18 octobre). Le premier allégua des raisons qui ne le lui permettaient pas. Les parents et les amis du duc d’Arschot l’engageaient à s’en excuser aussi ; mais il céda aux instances des états et au désir qui lui fut exprimé par l’infante elle-même : il quitta Bruxelles, pour entreprendre le voyage d’Espagne, le 16 novembre. Ce n’était pas comme mandataire des états qu’il partait, c’était comme envoyé de l’infante. Il l’avait souhaité ainsi par une inspiration malheureuse : car le mandat qu’il aurait tenu de l’assemblée nationale l’eût peut-être mis à couvert des rigueurs dont il se vit l’objet à Madrid.

Il arriva dans cette capitale au commencement de décembre, et descendit chez le marquis de Leganès, président du conseil suprême de Flandre. Le jour même de son arrivée, il fut reçu par le comte-duc d’Olivarès. Le premier ministre l’accueillit de la manière la plus flatteuse et le conduisit chez le roi, qui lui témoigna beaucoup d’estime et de bienveillance. Tous les grands, tous les ambassadeurs s’empressèrent de lui rendre visite. Le jour des Rois, Philippe IV lui fit l’honneur de le choisir, en qualité de gentilhomme de sa chambre, pour lui présenter les trois calices qu’il avait coutume de donner à l’offrande : cette fonction était ordinairement remplie par les infants, lorsqu’ils étaient à la cour ; elle l’avait été, l’année précédente, par le duc de Medinaceli, issu du sang royal. Le duc était, d’ailleurs, un des personnages que, dès l’année 1630, Philippe avait désignés pour exercer conjointement le gouvernement des Pays-Bas, au cas, qui venait de se réaliser (1er décembre 1633) de la mort de l’infante Isabelle.

Cependant deux intrigants politiques — le peintre Gerbier, résident du roi d’Angleterre à Bruxelles, et l’abbé Scaglia, agent du duc de Savoie — venaient de dévoiler au comte-duc d’Olivarès, moyennant vingt mille écus, les auteurs et le but de la conspiration formée par la noblesse belge contre l’Espagne. Le duc d’Arschot n’était pas désigné dans leurs écrits comme y ayant pris une part principale, mais ils donnaient à entendre qu’il en avait eu connaissance. Ce fut dans ces entrefaites qu’il parut à la cour d’Espagne. Pendant qu’on faisait éclaircir sa conduite à Bruxelles, à Madrid on s’appliqua à l’amuser. Dès le 11 janvier, il avait remis au roi les papiers dont il était porteur ; il profitait de toutes les occasions pour représenter à Philippe IV et au premier ministre que, si la trêve projetée contenait des stipulations désavantageuses, elle valait toujours mieux que la guerre ; qu’elle était indispensable et l’unique remède dans la triste situation où se trouvaient les Pays-Bas ; qu’en tout cas, il fallait la conclure ou la rompre avant que l’ennemi fût prêt à entrer en campagne. Il s’efforçait aussi de convaincre le roi et le comte-duc du zèle et de la fidélité des états pour leur souverain. Le 14, il fut appelé, au palais, à une conférence où siégeaient, avec le comte-duc, les marquis de Leganès et de Mirabel, le comte de Castrillo, le conseiller Gavarelli et le secrétaire d’État Gerónimo de Villanueva. Le 2 février, une nouvelle conférence eut lieu au palais. Une troisième se tint le 15 février