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Hollande. Dans le cours de ces événements, le comte de Hohenlohe, qui commandait une division de l’armée des Provinces-Unies, essaya de reprendre Zutphen, dont le colonel espagnol Verdugo s’était emparé depuis peu. D’Arenberg se porta au secours de la place assiégée ; il força Hohenlohe à abandonner son entreprise. Au mois de juillet 1584, son régiment se mutina, chassa ses officiers et se fortifia près de Kerpen. Cette mutinerie lui causa beaucoup d’embarras et d’ennui. Il revint alors auprès du prince de Parme et assista au siége d’Anvers. Lorsqu’au mois de septembre 1585, cette grande ville eut capitulé, ce fut lui que Farnèse chargea d’occuper le faubourg de Borgerhout avec six compagnies allemandes qu’il avait tout récemment levées.

Philippe II, le 9 octobre 1584, avait fait le prince-comte d’Arenberg chevalier de la Toison d’or ; il reçut le collier des mains du prince de Parme, au palais de Bruxelles, le 27 avril 1586. Dans le même temps, le roi lui conféra la charge de l’un des chefs des finances (8 mai 1586). On a vu qu’il avait été question, du vivant de son père, de le marier avec la fille du comte de Vaudemont. Dix années plus tard, le roi avait songé, pour lui, à mademoiselle de Mérode, héritière de la maison de Berghes ; en faveur de cette union, il aurait ordonné la mainlevée des biens considérables laissés par le marquis de Berghes, mort à Madrid en 1567, et qui avaient été frappés de confiscation. Il s’était agi encore, en 1578, d’un mariage entre lui et l’une des filles du duc de Clèves. Enfin, en 1587, il épousa Anne, fille aînée de Philippe de Croy, duc d’Arschot, et de Jeanne-Henriette, dame de Halewin et de Commines. Marguerite de la Marck crut devoir demander le consentement préalable du roi à cette alliance. Philippe II lui répondit : « Trouvant ladite alliance tant à propos et convenable aux parties, je ne puis sinon la advouer, et avoir agréable que y soit ultérieurement procédé, parmy la bonne opinion que j’ay ce ne sera que à l’accroissement des deux maisons, et que vostre fils, suivant les traces de feu son père, me donnera de plus en plus occasion de me ressouvenir de ses services, y accumulant les siens, comme il fait, pour par moy estre continué la démonstration que ay commencé à faire en son endroit, au moyen d’une charge tant principale comme celle en quoy l’ay retenu.[1]  »

Le prince de Parme ayant résolu d’assiéger l’Écluse, Charles d’Arenberg fut un de ceux qu’il choisit pour le seconder dans cette entreprise. Il occupait le fort de Blanckenberg avec trois cents chevaux et quelque infanterie, lorsque, le 2 août 1587, le comte de Leycester se présenta devant ce fort à la tête de sept mille fantassins, six cents chevaux et trois pièces d’artillerie. Il fit si bonne contenance que le général anglais l’attaqua avec hésitation ; et, comme Farnèse accourait à son secours, Leycester se retira la nuit même, avec une perte d’une cinquantaine d’hommes. Le 4 août, l’Écluse ayant capitulé, le prince de Parme donna à d’Arenberg le commandement de la place et des gens de guerre qu’il y laissait.

L’année 1587 avait été fixée d’abord par Philippe II pour l’expédition contre l’Angleterre qu’il méditait depuis si longtemps : il chargea de remplacer Farnèse, dans le gouvernement des Pays-Bas, pendant qu’il dirigerait cette expédition, le comte Pierre-Ernest de Mansfelt, gouverneur et capitaine général du duché de Luxembourg ; et dans le cas où celui-ci viendrait à manquer, il désira savoir qui pourrait être nommé à sa place. Farnèse lui désigna Charles d’Arenberg : « C’est — lui écrivit-il — un gentilhomme d’honneur et qui paraît animé de bons sentiments. Il s’entend aux affaires, il a une manière de procéder qui plaît généralement ; aussi le choix de sa personne contentera-t-il tout le monde[2]. » Le rassemblement

  1. Lettre du 7 février 1587.(Arch. du royaume.)
  2. Es honrado caballero y parece que tiene buenas entrañas, y es dado à negocios, y entiendo contentarà à universal, teniendo buen trato y manera de proceder…(Lettre du 20 juillet 1587, aux Archives de Simancas).