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belge eut à surmonter bien des obstacles, à triompher de bien des périls, pour arriver à Ingolstadt, où l’Empereur l’attendait ; il y réussit, grâce à l’habileté de ses chefs et à la valeur des régiments dont il était composé. Il ne contribua pas peu aux succès de l’armée impériale. Ce fut à l’issue de cette expédition que Jean de Ligne s’unit à Marguerite de la Marck.

Le 23 septembre 1548, Maximilien d’Egmont mourut à Bruxelles. Charles-Quint donna à Jean de Ligne les gouvernements de Frise, d’Overyssel, de Groningue et de Drenthe que le défunt occupait (1er janvier 1549), ainsi que sa compagnie de cinquante hommes d’armes et de cent archers d’ordonnances. C’était remplir le vœu du grand capitaine qu’il venait de perdre : le comte de Buren faisait un cas particulier de Jean de Ligne ; il l’appelait habituellement son frère d’armes ; il l’avait choisi pour être l’un de ses exécuteurs testamentaires.

Cette année-là, le prince Philippe, fils unique de l’Empereur, vint aux Pays-Bas, pour y être reçu des états et leur prêter serment comme leur futur souverain. Il se transporta, afin d’accomplir ces formalités, dans les différentes provinces. Arrivé à Deventer, où il fut inauguré par les états d’Overyssel, la saison se trouva trop avancée pour qu’il poursuivît son voyage ; il chargea le comte d’Arenberg de le représenter dans les provinces de Frise, de Groningue et de Drenthe, et le revêtit à cet effet de ses pleins pouvoirs (31 octobre 1549).

L’Empereur, ayant acquis la terre et seigneurie de Lingen, qui appartenait à la succession du comte de Buren, en ajouta le gouvernement à ceux que Jean de Ligne avait déjà (septembre 1551). Bientôt après, les Pays-Bas se virent assaillis par les Français : Henri II en personne entra dans le duché de Luxembourg. Le gouverneur de cette province, le comte de Mansfelt, en était éloigné en ce moment ; la reine Marie y envoya le comte d’Arenberg, pour en défendre le quartier allemand, en même temps qu’elle commettait au comte de Lalaing la défense du quartier wallon (mai 1552) ; mais, sur ces entrefaites, Mansfelt ayant pu revenir dans son gouvernement, elle donna à Jean de Ligne une autre destination. Elle s’occupait de rassembler un corps de troupes pour renforcer l’armée avec laquelle l’Empereur s’avançait vers le Rhin ; elle l’en nomma maréchal (4 août 1552), eu plaçant directement sous ses ordres une division de sept cents chevaux. Charles-Quint, ayant mis le siége devant Metz, voulut avoir auprès de lui le comte d’Arenberg, à qui il confia un commandement important, et, jusqu’à la fin de la campagne, Jean de Ligne ne quitta point l’Empereur. Il prit part, à la tête d’un régiment de gens de pied, aux campagnes de 1553, 1554 et 1555.

Lors de l’abdication de Charles-Quint, les provinces de Frise, d’Overyssel, de Groningue et de Lingen, alléguant leurs priviléges, ne voulurent pas députer aux états généraux en présence desquels eut lieu cette imposante cérémonie ; Charles commit le comte d’Arenberg pour faire, en son nom, la cession à son fils de ces quatre pays dans une assemblée solennelle des états de chacun d’eux (25 octobre 1555), et Philippe le délégua à l’effet de recevoir le serment de fidélité des états de Lingen, qui ne le lui avaient pas prêté en 1549 (30 novembre 1555). Le nouveau souverain confirma Jean de Ligne dans les gouvernements dont son père l’avait investi (30 novembre 1555 et 20 juillet 1556). Au mois de novembre 1556, il le chargea d’aller remettre au duc Henri de Brunswick le collier de l’ordre de la Toison d’or, qui avait été conféré à ce prince, au chapitre d’Anvers, le 28 janvier précédent.

Jean de Ligne fit les campagnes de 1557 et 1558 contre la France, ayant sous ses ordres, dans la première, mille chevaux, et un régiment de gens de pied bas allemands de trois mille têtes dans la seconde ; il assista à la bataille de Saint-Quentin, où il donna de nouvelles marques de sa bravoure et de ses talents militaires. Au commencement de 1559, une diète impériale ayant été convoquée à Augsbourg, le roi le désigna pour y représenter le cercle de Bourgogne ; le 9 août de la même année, il l’appela à remplir la charge considérable