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Lothier, de Brabant et de Luxembourg, marquis et marquise du saint-empire, comte et comtesse de Chiny. Le premier acte de Wenceslas en faveur des nouveaux souverains avait été de les autoriser à racheter de Josse, marquis de Brandebourg, et de Moraire, qui les tenait en engagère, le duché de Luxembourg, le comté de Chiny et l’avouerie d’Alsace.

La guerre s’étant rallumée entre Jean sans Peur et le duc Louis d’Orléans, Antoine reprit les armes, accompagna son frère et combattit vaillamment pour la même cause. Son ardeur belliqueuse ne l’empêcha pas de signaler son règne par des institutions d’une haute importance : celle de la chambre des comptes en 1406, (nouv. style), et celle de la chambre de tonlieu en 1412.

D’autres actes contribuèrent encore à rendre sa mémoire chère à ses sujets : le 20 mai 1411, il annula, en faveur de la ville de Bruxelles, la gilde ou corporation drapière de Merchtem, qu’il avait lui-même instituée dans cette bourgade le 30 novembre 1409 ; le 22, il renouvela l’octroi des accises et publia un règlement sur les trêves. La même année, il confirma les priviléges des Luxembourgeois. Il supprima, le 2 novembre 1412, le Havestoit[1] dans le Limbourg, et accorda, le 25 mai 1414, à la ville de Bruxelles, la remarquable charte connue sous le nom de Privilége du meurtre[2]. Malheureusement, en maintes circonstances, le duc semblait ne rien épargner pour s’attirer la haine du peuple. La ville de Batenbourg, en Gueldre, qui lui avait été engagée par Jean Berlaer, ayant été reprise à l’improviste par les Gueldrois, il voulut imposer par la crainte aux états, qui étaient convoqués à Louvain pour répondre à la demande de troupes et d’argent qu’il destinait au siége de Batenbourg et ne craignit pas de faire arrêter les députés de Tirlemont et de Léan ; ceux de Bruxelles n’échappèrent au même sort que grâce à la précaution qu’ils avaient prise de se faire escorter d’une nombreuse troupe d’arbalétriers. Ces violences provoquèrent une grande fermentation dans les villes, et Antoine fut obligé d’ajourner ses projets. Les états furent alors assemblés à Vilvorde ; le duc se plaignit de l’obstination des villes à lui refuser aide et secours ; mais celles-ci, à leur tour, présentèrent une longue série de griefs à sa charge et lui reprochèrent surtout d’immiscer le pays dans les démêlés intérieurs de la France. Antoine avait, en effet, engagé une bonne partie du Limbourg pour satisfaire sa passion des armes. Le duc promit de réparer ses torts et rentra à Bruxelles au mois d’août 1413.

En 1414, le duc Antoine suivit pour la troisième fois Jean sans Peur contre les Armagnacs, qui avaient rompu la paix, et, après avoir emporté d’emblée Compiégne, Soissons, Laon, etc., mettaient le siége devant Arras. Cette ville allait céder, lorsque survint un accommodement, et le duc rentra dans ses États.

La même année, de nouveaux troubles éclatèrent : Le prince n’ayant pas voulu rendre les sommes avancées par les villes, celles-ci refusèrent de payer les subsides accordés par les états. La querelle allait s’envenimer, lorsque le duc, informé de la descente des Anglais en Normandie, marcha au secours du roi de France et perdit la vie à la bataille d’Azincourt, le 25 octobre 1415.

Son corps fut apporté à Bruxelles et placé à l’église de Sainte-Gudule, où les états allèrent le reconnaître. Le 2 novembre, ils lui firent de pompeuses funérailles, et le lendemain il fut enterré à Tervueren, dans le chœur de l’église paroissiale.

Adolphe Mathieu.

Haræus, Annales ducum Brabantiœ. — Luyster van Braband. — Ernst. Histoire du Limbourg. — Bertholet, Histoire du Luxembourg. — Henne et Wauters, Histoire de Bruxelles. — Piot, Histoire de Louvain.

ANTOING (Henri D’), né vers 1350, mort en 1396. Il s’était déjà signalé dans divers combats, quand, en 1390, il répondit l’un des premiers à l’appel du duc de Bourbon, qui voulait aller détruire sur les rives barbaresques les plus redoutables corsaires de la Méditerranée. L’expédition fut dirigée contre Messedia que Froissart, aussi bien que Charles - Quint longtemps plus tard, appelle la ville d’A-

  1. Ernst, Histoire du Limbourg, t. V, p. 196.
  2. Henne et Wauters, Histoire de la ville de Bruxelles