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des événements dans lesquels il a, lui dixième ou vingtième, joué un rôle accessoire ? on verra le même article se reproduire dix fois, vingt fois dans le courant de l’ouvrage. L’auteur se bornera-t-il à une simple mention ? le but que nous avons en vue ne serait pas atteint, car une biographie ne doit pas être un recueil de noms propres ; elle ne fait pas double emploi avec l’histoire politique, scientifique ou littéraire d’un pays. Tandis que l’historien cite tous les individus dont la tradition a gardé le souvenir, le biographe s’attache aux individualités. »

Moins de réserve nous a semblé nécessaire en ce qui concerne l’admission des personnages appartenant à l’histoire littéraire, c’est-à-dire l’histoire des lettres, des sciences et des arts. Nous avons suivi en ce point le précepte si sage de Bacon : « Sans l’histoire littéraire, dit-il, l’histoire universelle ressemblerait à la statue de Polyphème dont on aurait arraché l’œil ; il manquerait à l’image la partie où se peignent le mieux l’esprit et le caractère de la personne »[1].

On reproche souvent aux dictionnaires de ce genre, rédigés par un grand nombre d’auteurs, d’offrir des disparates choquant d’opinions ; mais l’unité de vues, en matière de religion, de philosophie, de politique, de littérature, d’art, est-elle praticable dans une publication faite alphabétiquement et dont les parties ne peuvent, par conséquent, être reliées entre elles d’une manière homogène ? La communauté d’idées, l’esprit de suite, l’harmonie du fond et de la forme, si désirables dans la plupart des œuvres littéraires, ne sauraient se manifester dans la rédaction d’un ouvrage consacré à tant de personnages d’ordre différent. Le véritable correctif d’un tel inconvénient existe d’ailleurs dans les convictions loyales et honnêtes des collaborateurs. Nous répétons ici ce qu’écrivait Auger, dans la préface de la Biographie universelle des frères Michaud, en 1811 : « Quant aux jugements à porter sur les personnages et sur leurs actions ou leurs travaux, il est en matière de morale et de goût des principes certains sur lesquels tous les hommes d’honneur et de sens sont d’accord et qu’ils se font surtout une loi de professer dans ces ouvrages faits en société et destinés à la masse entière du public, puisque là de brillants paradoxes, qui seraient à peu près sans gloire pour celui qui les aurait avancés, ne seraient pas sans danger pour l’entreprise commune. »

Ces principes ont été les nôtres. Toutefois, pour l’économie générale de l’œuvre, il a été établi, dans l’ensemble des notices, une certaine homogénéité d’exécution qui, tout en laissant à chaque auteur la responsabilité de ses écrits, n’a admis pour les notices, ni la polémique irritante des partis, ni les discussions oiseuses dans les questions scientifiques ou économiques : la constatation des

  1. Michaud, préface de la Biographie universelle.