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qu’on lui donna lorsqu’il entra dans l’ordre des Carmes déchaussés, naquit à Liége vers la fin du xviie siècle et mourut dans la même ville, on ne sait en quelle année. Il a fait imprimer, en 1732, chez Ever. Kints, un livre intitulé : Triomphe de la charité, ou dévotion solide aux âmes du purgatoire. Liége ; in-8o de 457 pages, ouvrage qui se distingue par un style clair et naturel. Peu de Liégeois, dit Villenfagne, ont écrit aussi purement en français.

M.-L. Polain.

Villenfagne, notes inédites.

ANS (Paul-Ernest-Ruth D’), théologien janséniste, né à Verviers le 23 février 1653, mort à Bruxelles le 24 février 1728. Issu d’une famille patricienne de la ville de Liége, d’Ans, destiné à l’état ecclésiastique et tonsuré dès l’âge de dix ans, reçut une éducation soignée. Après avoir fait ses humanités au collége de Verviers, il alla se livrer aux études philosophiques et théologiques à l’Université de Louvain. Il s’y distingua tellement dès sa première année de théologie, qu’il fut choisi pour accompagner Randaxhe, son professeur, et Huyghens, députés à Rome en 1670, afin d’y défendre les droits de l’université. Il revint ensuite continuer ses études à Louvain et il y prit le degré de bachelier. À l’âge de 22 ans, d’Ans se rendit à Paris, où il s’attacha au fameux Arnauld d’Andilly, qui resta jusqu’à sa fin son conseil et son ami. Sur son avis, d’Ans se mit sous la direction de De Sacy et passa plusieurs années dans la retraite de Port-Royal des Champs, uniquement occupé de l’étude des saintes Écritures et des monuments de l’antiquité ecclésiastique. En 1677, il prit les ordres mineurs à Beauvais ; à la fin de la même année, il fit un second voyage à Rome, où il accompagna de Pontchâteau, qui s’y rendait pour l’affaire de la régale et principalement pour celle des casuistes relâchés. D’Ans ne contribua pas peu au succès de cette négociation, par son adresse et son habileté naturelle dans les affaires. À son retour de Rome, d’Ans revint dans sa chère solitude de Port-Royal ; il y resta jusqu’à la dispersion des solitaires, qui arriva en 1679, par les ordres de Louis XIV. Il suivit alors M. de Tillemont à son château, pour y étudier l’histoire ecclésiastique sous la direction de ce savant historien. Durant son séjour au château de Tillemont, il fit quelques excursions dans les Pays-Bas. Il prit, à Louvain, le degré de licencié et reçut le sous-diaconat à Rotterdam en 1682, puis le diaconat à Amsterdam en 1684. Enfin en 1689, l’archevêque de Sébaste l’ordonna prêtre, ayant obtenu à cet effet les démissoires du prince-évêque de Liége.

L’affection et le respect que d’Ans ressentait pour Arnauld, le déterminèrent, en 1690, à se fixer à Bruxelles, pour tenir fidèle compagnie au célèbre docteur, qui y résidait caché. Il prit une part active aux ouvrages qu’Arnauld publia dans cette ville. D’Ans s’était ménagé beaucoup de crédit à la cour du duc de Bavière, alors gouverneur général des Pays-Bas espagnols. Ce prince se servit de lui pour obtenir des voix à l’évêché de Liége en faveur de son frère Joseph Clément, contre le prince de Neubourg, son compétiteur. D’Ans se rendit à cet effet à Liége en 1694 ; il réussit, mais il paraît qu’Arnauld n’approuva pas qu’il se fut mêlé de cette affaire. La même année, Arnauld étant mort à Bruxelles, ce fut d’Ans qui, accompagné de MM. des Essarts et de Guelphe, apporta secrètement le cœur de son ami à Port-Royal. Il prononça, à cette occasion un beau discours français que l’on trouve imprimé, sous le nom de Guelphe, dans l’abrégé de la vie d’Arnauld publié par le père Quesnel. En 1695, peu de temps après son retour de Port-Royal, d’Ans fut choisi pour aller avec l’évêque de Plocsko, recevoir la princesse royale de Pologne, au nom de l’électeur de Bavière, son futur époux. Il reçut à cette occasion le titre d’aumônier de cette princesse. Deux mois après cette mission, son protecteur, Maximilien-Emmanuel de Bavière, lui fit obtenir un canonicat à Sainte-Gudule, à Bruxelles. Ce bénéfice qu’il n’avait pas recherché et le premier qu’il ait obtenu, fut le signal donné aux adversaires d’Ans pour se déchaîner contre lui. M. de Precipiano, archevêque de Malines, l’accusant d’hérésie, obtint de la cour un ordre au gouver-