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noces ce Guillaume d Aubigny qui fut connu, depuis cette époque, sous le nom de comte d’Arundel et qui devait jouer bientôt un rôle si important dans les démêlés du roi Henri II avec Thomas Becket, bien qu’un autre écrivain (Chronic. Gervasii Cantuariens. ad ann. 1139) laisse planer quelque soupçon sur la légitimité du lien qui unissait Alix à ce seigneur. Quoi qu’il en soit, lorsque, après un règne de deux années, la popularité d’Étienne de Blois se fut usée et qu’une partie des barons et des prélats, se ressouvenant du serment qu’ils avaient prêté à la fille de Henri Ier, eurent commencé à se prononcer pour la royauté de cette princesse, Alix fut la première à offrir, dans la forteresse d’Arundel, à sa bru Mathilde un point d’appui d’où elle pût seconder les efforts de ses partisans.

On sait que la guerre civile, allumée par cette compétition royale, se prolongea avec des chances diverses jusqu’en 1153, et qu’elle se termina par un accord en vertu duquel la couronne serait définitivement dévolue aux Plantagenêts, après la mort d’Étienne de Blois, événement qui se réalisa en 1155.

Depuis 1139, Alix n’était plus intervenue personnellement dans cette lutte sanglante et acharnée, et son nom paraît entièrement effacé de l’histoire. Cependant elle donna encore signe de vie dans un acte de libéralité qu’elle signa en 1148. Cette charte, qui conféra au monastère d’Afflighem la possession de plusieurs domaines situés en Angleterre (terrœ in Iderswerda et Westernæredonc, in Vremdyc, Frondic et Pakinge), doit être considérée à la fois comme un patriotique hommage rendu à un établissement qui a toujours été un objet particulier des largesses des comtes de Louvain et des ducs de Brabant, et comme un pieux souvenir attaché à la tombe du frère de la donatrice, Henri, qui y était mort en 1140, sous l’habit de moine. Alix elle-même cessa de vivre le neuvième jour des calendes de mai (23 avril) 1151. Ses restes mortels furent inhumés dans l’église d’Afflighem, quoique son décès ne se trouve pas marqué dans l’obituaire de l’abbaye brabançonue.

André Van Hasselt.

Duchesne, Rerum normannicar. Scriptores. — Twysden, Histor. anglican. Scriptores. — Gale, Rerum anglican. Scriptores. — Dinteri Chronicon. — De La Rue. Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères. — Histoire littéraire de la France — Butkens, Trophées. — Aug. Thierry, Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands.

ALIX ou ALEYDE DE BOURGOGNE, duchesse de Brabant, morte en 1273, était fille du duc de Bourgogne Hugues, qui mourut l’an 1272, et d’Yolende de Dreux. Elle épousa, vers l’année 1252, et à la suite de négociations conclues sous les auspices du roi d’Angleterre Henri III, le duc de Brabant du même nom, qui la rendit successivement mère de cinq enfants, dont l’aîné mourut en naissant. À la mort de son mari, arrivée le 28 février 1260-1261, Aleyde se vit entourée de dangers et d’embarras. Des parents de son mari, le landgrave de Thuringe et le sire de Herstal, essayèrent de lui enlever la tutelle de ses enfants ; elle parvint à écarter le premier et, par la force des armes, elle expulsa le second du Brabant. Deux autres princes, qui étaient issus par les femmes de la maison ducale, Henri, évêque de Liége, et son frère Othon, comte de Gueldre, conservèrent quelque autorité en Brabant. Peu de temps après, cependant, l’évêque se brouilla avec Berthout, sire de Malines, le principal conseiller de la duchesse, envahit le Brabant et assiégea Malines, mais il dut se retirer sans avoir réussi dans son entreprise.

Henri, l’aîné des fils d’Aleyde, montrant trop peu d’intelligence pour qu’il fût possible de lui confier le gouvernement du pays, la duchesse, de concert avec quelques barons, résolut d’assurer la possession du Brabant au prince Jean, dont la jeunesse donnait les plus belles espérances. Ce projet fut combattu par Arnoul, seigneur de Wesemael, appuyé par les Colveren, l’une des deux factions qui divisaient alors la ville de Louvain. Les Colveren parvinrent à expulser de Louvain leurs ennemis, les Blanckaerts, mais Wesemael fut battu par le seigneur de Malines sur les bords du Leeps, près de Wespelaer. Aleyde, victorieuse, reçut, le 14 mai 1267, la soumission des Lou-