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sit bientôt à la séparer de son époux. En 1780, Mme d’Albany se réfugia dans un couvent ; elle trouva ensuite asile et protection à Rome auprès de son beau-frère, le cardinal Henri. Deux ans, elle y vécut paisible, se mêlant au monde et servant déjà d’inspiratrice à l’auteur de Mérope et d’Antigone. Une séparation complète, autorisée par le pape et à laquelle Charles-Édouard consentit, lui rendit enfin, en 1784, toute sa liberté. Dès lors, elle ne quitta plus Alfieri, qui ne retrouvait qu’auprès d’elle sa verve et sa fécondité. C’est l’hommage qu’il lui rend dans sa dédicace de Myrrha : « Vous êtes la source où puise mon génie, lui dit-il, et ma vie n’a commencé que le jour où elle a été enchaînée à la vôtre. »

Le comte d’Albany mourut en 1788. La comtesse, qui devait à la générosité de Marie-Antoinette une pension considérable, vécut quelque temps à Paris avec un train princier. Son salon était déjà célèbre. Elle passa le détroit en 1791, et celle qui avait été l’épouse de Charles-Édouard, ne crut pas manquer à sa dignité en se faisant présenter à Georges III. De retour en France, elle en fut bientôt chassée par la tourmente révolutionnaire. Elle et Alfieri, car la mort seule les sépara, s’arrêtèrent quelque temps au château de Mariemont, chez Mme d’Arberg, sœur de Mme d’Albany. Ils se fixèrent enfin à Florence. C’est là que le poëte mourut en 1803, sincèrement regretté par l’amie qui n’avait cessé de consoler l’isolement volontaire de cette âme tourmentée.

Mme d’Albany lui fit exécuter, par Canova, un admirable mausolée, et elle publia une édition complète des œuvres d’Alfieri. Ce n’est qu’après la mort de ce grand homme que Mme d’Albany put exercer librement cette sorte de royauté mondaine qu’elle semble avoir ambitionnée toute sa vie. Les célébrités du siècle vinrent à leur tour s’incliner devant son fauteuil. Son salon, bien plus inoffensif que celui de Mme de Staël, à Coppet, eut cependant l’honneur de porter ombrage à Napoléon. Mandée à Paris par empereur, Mme d’Albany fut forcée d’y résider de 1809 à 1810. On lui permit alors de retourner à Florence, où elle reprit sa vie brillante et douce, jusqu’à ce qu’elle s’éteignît de langueur en 1824. Elle institua son légataire universel un peintre français, nommé Fabre, qui partageait depuis de longues années son intimité. Les restes de la comtesse d’Albany reposent dans le même tombeau que ceux d’Alfieri ; mais Fabre a élevé à côté un monument particulier qui porte l’épitaphe composée par le poëte lui-même en l’honneur de sa noble amie. Voici cette épitaphe :

HIC SITA EST

ALOYSA E STOLBERGIS
ALBANIÆ COMITISSA
GENERE FORMA MORIBUS
INCOMPARABILI ANIMI CANDORE
PRÆCLARISSIMA
A VICTORIO ALFERIO
JUXTA QUEM SARCOPHAGO UNO
TUMULATA EST
ANNORUM…………………SPATIO
ULTRA RES OMNES DILECTA
ET QUASI MORTALE NUMEN
AD IPSO CONSTANTER HABITA
ET OBSERVATA
VIVIT ANNOS…… MENSES…… DIES……
IN HANNONIA MONTIBUS NATA
OBIIT…… DIE………MENSIS……

ANNO DOMINI MDCCC……
F. Hennebert.

*ALBE (Fern. ALVAREZ DE TOLÈDE, duc D’), gouverneur général des Pays-Bas, né en Espagne en 1508, mort en 1582. Voir Tolède (Fern. Alvarez de), duc d’Albe).

ALBÉRIC DE THOSAN ou de TERDOEST, chroniqueur, né en Flandre, vivait au xiiie siècle. L’abbaye de Ter Doest, de l’ordre de Cîteaux, située jadis au nord de Bruges et incorporée, au xvie siècle, à l’abbaye des Dunes, a produit plusieurs hommes distingués par leur science et leur génie. Le moine Albéric, flamand d’origine, plus connu sous le nom d’Albéric de Thosan, fut peut-être le personnage le plus marquant que forma cette maison.

Les biographes Foppens, Charles De Visch et les auteurs de l’Histoire littéraire de la France, qui donnent des particularités sur la vie de ce moine, n’indiquent pas le lieu de sa naissance ; ils disent seulement qu’il était d’origine flamande. Valère André nous apprend qu’Albéric traduisit du français en latin l’histoire des croisades, dont le titre était : Chro-