Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses ouailles la célébration du jour de la Toussaint, et pour avoir négligé, le jour suivant, de dire qu’il fallait prier pour les âmes des trépassés. Menacé de mort, il partit pour Jéna.

Bientôt il fut appelé par ses coreligionnaires d’Anvers pour leur servir de pasteur, et ce fut alors qu’il eut de longues controverses à soutenir contre son collègue Cyriaque Spangenberger[1], au sujet du péché originel. Il remplit ensuite les fonctions de ministre, à Norden, dans l’Ostfrise, pendant six ans, puis à Kellinghusen, dans le Holstein. En mai 1566, il reparut à Anvers, où, vers le mois de juin, il fut emprisonné par ordre du magistrat. Mais comme le nombre et l’audace des luthériens d’Anvers allaient croissant, il fut relâché peu de temps après et autorisé à prêcher dans l’abbaye de Saint-Michel et, plus tard, dans une grange (schuere) qui dépendait de ce monastère. Ce fut à cette époque, sans doute, qu’eut lieu sa réconciliation avec son père, qui vint le voir pour lui faire abjurer sa foi religieuse, mais qui, ajoute-t-on, fut lui-même converti par son fils.

À l’approche du duc d’Albe, Alaers prit la fuite. Le roi Christian IV lui confia le soin de desservir l’église de Wilster, dans le Holstein, où il mourut dix ans après, le 10 septembre 1578. Sa veuve, Gertrude Beningsen[2], lui survécut jusqu’en 1594. Il laissa deux fils, Guillaume et François, qui s’occupèrent de philosophie et de théologie, de même que ses arrière petits-fils, Lambert et Nicolas, et son arrière-arrière-petit-fils Nicolas Alaers, le jeune, l’auteur de la Decas Alardorum, et qui mourut à Hambourg, en 1756.

La biographie d’Alaers, telle qu’on nous la retrace d’ordinaire, n’est pas exempte d’erreurs. Son nom est presque toujours mal orthographié. Il faut écrire, non Alard, mais Alaers ; du moins c’est ainsi qu’il signait ses lettres. On y ajoute parfois, je ne sais trop pour quel motif, le surnom de de Cantier. Hamelmann (Historia ecclesiastica renati Evangelii, pars II, p. 982) donne Anvers pour patrie à Alaers ; mais il a été probablement trompé par les séjours que notre prédicant fit dans cette ville. Outre les déclarations de doctrines qu’il rédigea de concert avec les autres ministres luthériens de l’Église d’Anvers, Alaers a écrit :

1o Een cort vervat van alle menschelycke insettinghen der roomsche Kercke, beghinnende van Christus tyden af tot nu toe, ghenomen meer dan uit XXII authoren ; sans lieu d’impression (Anvers), 1566, travail où Alaers nous donne de curieux renseignements sur sa vie ;

2o Een heerlicke troostbrief van des menschen leven ende wesen, door François Alardts ; un petit volume in-12, sans lieu d’impression (Anvers ?) ni nom d’imprimeur ; daté à la fin comme suit : Den eersten octob. anno 1567. Francoys Alardts ;

3o Die Catechismus op vrage ende andtwoorde gestelt, door Franciscum Alardum, pastoor tho Wilster, eertydts prédicant t’Hantwerpen in de schuere, 1568 ; un petit volume semblable au précédent ; réimprimé dix-sept ans plus tard sous ce titre : Catechismus, dat is : Onderwysinghe van de voornaemste hooft-stucken der christelycker leere, op vraghe ende antwoort ghestelt door Eranciscum Alardum, eertyts dienaer des godlyken woorts tot Antwerpen in de schuere ; t’Hantwerpen, by Arnoul s’Coninx, anno 1585 ; un petit volume in-12 ;

4o Bewys uyt Godes woord ende den schriften D. Lutheri, dat de Erfsonde niet sy der menschen wesen, syn seel ende lyf. Lubeck, 1576 ; in-4o. Traité dirigé contre les partisans des idées de Matthieu Flaxe d’Illyrie, auquel Spangenberger opposa le Tractatus contra Franciscum Alardum. Anvers, 1577 ; in-4o. Les dix sermons sur la passion qu’Adelung (t. I, p. 389) attribue à notre auteur appartiennent à l’un de ses fils[3].

Alph. Wauters.

Johannis Molleri Flensburgensis, Cambria[4] Literaria, t. II, p. 28. — Biographie universelle de Michaud, t. I, p. 376. — Mémoires de Jacques de Wesembeke, avec une introduction et des notes par C. Rahlenbeek. Bruxelles, 1859. In-8o, passim. Notes fournies par. M. Rahlenbeek.

ALAIN, communément nommé ALANUS FLANDRENSIS, évêque d’Auxerre, né en Flandre au commencement du xiie siècle, mort à l’abbaye de Clairvaux, vers l’an 1183, après avoir abdiqué l’évê-

  1. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Spangenberger, lisez : Spangenberg.
  2. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Beningsen, lisez : Bening.
  3. On a parfois attribué à Alaers quelques actes posés par un autre ministre luthérien, Mathys, qui prêchait au Kiel près d’Anvers, en 1566.
  4. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Cambria, lisez : Cimbria. (L’ouvrage d’Alaers, indiqué sous le no 4 comme écrit en flamand, a été rédigé en bas allemand (plattdeutsch)