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parler ainsi des femmes, et même des hommes ? Après quoi, il faut ajouter que George Sand nous a un peu réhabilités, nous autres hommes, dans un dernier ro¬ man, intitulé Jacques. Ce roman est écrit en lettres, et à Tembarras de la narration, à la confusion des person¬ nages, à un certain malaise général qui se fait sentir dans tout ce livre, on voit que cette justification de l’homme contre la femme, réparation tardive et incom¬ plète des excès de Lélia, a du coûter beaucoup à George Sand. D’ailleurs, même dans ce plaidoyer en faveur des hommes, faites-y attention, vous allez trouver une trahison de l’auteur : Jacques, malgré sa bonté, sa douceur, son amour et ses excellentes qualités de tout genre, est un héros manqué qui joue à la fois le plus grand et le plus niais des rôles. Jacques, voyant sa femme aussi malheureuse en ménage cpüIndiana et Va¬ lent ine avec leurs ignobles maris, Jacques, digne homme, ne trouve rien de mieux que de donner un amant à sa femme ; et, quand il est bien déshonoré, d’aller se jeter dans un abîme la tête la première. Malgré quelques belles pages que les plus grands écrivains seraient fiers d’avoir écrites, ce roman, écrit par lettres et dans le sens admi- ratif, ne vaut pas à beaucoup près les deux premiers. Mais quoi ! on ne se tire pas tout d’un coup d’un abomi¬ nable roman comme Lélia.

A présent, George Sand publie de temps à autre de charmantes Nouvelles, dans lesquelles l’auteur d ’Indiana et de Valentine nous parait tout à fait revenu à son es¬ prit habituel, qui est l’ironie jointe à la grâce, la véhé¬ mence jointe à l’esprit. André est un petit chef-d’œuvre d’une grande simplicité et d’un puissant intérêt. La jeune fille y est innocente, épanouie comme ses fleurs. Bien d’affecté dans cette charmante composition. Tout y est simple, enlacé sans effort. Le vieux marquis et la jeune