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faire de la prose, et elle publia quelques nouvelles dans le Livre des Femmes, le livre des Conteurs, les Cent et une Nouvelles, le Salmigondis. Cela sembla d’abord étrange d’entendre l’oiseau parler ; mais quand on vit que sa voix dans son nouveau langage conservait toute la douceur du chant, on l’applaudit comme d’habitude. Enfin, après six ans d’attente, on vient de voir paraître, les Poésies nouvelles (un vol. in-18, Paris, 1835). Ces poésies, un cours d’enseignement pour les enfants, intitulé Simples Leçons d’une mère à ses enfants, et une traduction de Robinson, d’un style élégant et pur, viennent clore la liste des œuvres de Mme Tastu ; certes cette liste est brillante, son écrin se compose de joyaux précieux.

On retrouve dans ces Poésies nouvelles la touche des premières ; c’est bien la même grâce, la même sensibilité ; mais six années de distance ont apporté nécessairement un changement dans la forme ; là, les couleurs sont plus vives, l’allure plus hardie. Un poëme intitulé Peau d’âne est en tête du volume : Mme Tastu a vu, dans le naïf conte de fée, une ingénieuse allégorie ; elle l’a développée dans des vers pleins de finesse. Ce poëme est mélangé de récits et de chants ; dans les récits, l’auteur quitte son style habituel et adopte un style de conte, un style railleur, à la couleur simple, à l’allure bourgeoise. Dans les chants, le style change, il reprend les anciens ornements et la manière noble que nous lui connaissons jusqu’à présent ; c’est celle qui me semble convenir le mieux au talent de Mme Tastu : sa poésie est essentiellement grande dame : comme à la belle infante qu’elle a chantée, il lui faut ses robes couleur d’azur, couleur de la lune, couleur du soleil. Elle est née princesse comme d’autres naissent bourgeoises ; et quelque charmante qu’elle soit en négligé, elle fera bien de garder son rang et de conserver toujours ses riches parures.