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privilège et par un bien cruel retour, a fait aussi pleu¬ rer le plus souvent !

Car le malheur c’est le poëte, car la poésie c’est la souffrance.

Et la souffrance est la muse des femmes ; et c’est dans la révélation de leurs malheurs, dans la confidence et le récit de leurs souffrances que nous trouvons le germe heureux de leurs vertus, le développement de leur génie.

C’est à la Provence encore, à ce beau fleuron de

la France et de sa couronne, à ce beau ciel de notre hémisphère ingrat, que nous devons une femme de plus, au cœur brûlant, à la plume élégante et facile, à l’esprit tout à la fois vif et pénétrant, étendu, varié, profond.

L’enfance de Césarie s’est écoulée à Hyères. Son père fut son seul instituteur, et quel meilleur maître un en- enfant peut-il avoir? M. Gensollen remarqua dans sa fille un ardent désir de savoir, un besoin réel d’instruc¬ tion, et l’étendue d’une imagination qui permettait à son jeune âge une conception rapide et prématurée des matières les plus abstraites ; il lui apprit le latin, cette langue interdite aux femmes et que, par une injurieuse extension d’une loi, peut-être, sous quelques rapports, généralement prudente, mais à coup sûr fort peu gau¬ lante et très-exclusive, les hommes se sont plus or¬ dinairement réservée ; Césarie dès lors, découvrit de nouvelles ressources, des ressources inconnues, comme elle éprouva des jouissances infinies dans cette étude sérieuse, dans cette culture d’une langue morte et qui, pourtant, revit dans tout. Horace et Virgile étaient ses poètes, ses auteurs favoris. Horace et Virgile ! et cepen¬ dant elle n’allait pas au collège, et cependant elle avait sept ans ! et c’est d’une femme que nous parlons 1

A cet âge, et nonobstant le respect qu’auraient dû lui