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épis debout. Mourir !… Et mes enfants ? Les joies saintes de mère m’avaient-elles donc manqué? Sublime Créa» teur, je vous demande des jours longs, bien longs, et l’énergie qui en assure l’emploi, selon la conscience et la charité qui les féconde et les honore. La Mennais, vous l’avez dit : «La justice, c’est la vie ; et la charité, c’est encore la vie, mais une plus douce, plus abondante vie. »

L’état de l’atmosphère, l’heure, le lieu ; ce que l’acte de la vie a de volontaire ou de forcé, agit immédiatement sur moi, créature d’impression, je me lie à tout ce qui existe. Si le ciel est bas, inerte, on peut connaître un état qui se refuse à être décrit, c’est une mort sans re¬ pos, sans oubli ; je ne sais quelle existence immobile, morne et pourtant douloureuse, quelque chose de fu¬ nèbre. La voix des orages, quand elle ne soulève pas dans le cœur d’intolérables frénésies, une ivresse de colère et de puissance, exalte le sentiment religieux. Un soleil ardent embrase les sens ; un soleil tiède près de s’éteindre dans les profondeurs d’une nuit heureuse, donne la volupté des larmes, la paisible possession des choses ; on évoque sans amertume les illusions perdues ; insensiblement les regrets s’amollissent dans une suave mélancolie : ce n’est pas la félicité, ce n’est pas l’oubli ; c’est une impression qui tient à la fois des douleurs apaisées de la terre et des joies mystérieuses et perma¬ nentes du ciel.

Le renoncement prend un caractère d’indicible solen¬ nité aux heures où l’abdication de la vie devient la loi de tout ce qui a nié ou proclamé le malheur sous la brillante influence du jour. Cet assoupissement de la plainte universelle, ce monde d’où l’homme semble absent et qui se fait beau de silence, de tristesse et- d’abandon ; la mort qui plane dans cette espèce de vide ; la mort où chaque créature étendue sans mouvement et