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elle est toute chasteté, et garde toujours des vêtements blancs ; en la regardant on sent en soi quelque chose de pur et de doux, comme lorsqu’on contemple une vierge de Raphaël.

Belle dans l’ensemble, la poésie de Mme Tastu l’est encore dans les détails : on y remarque un art extrême, des peintures habiles. MmeTastu excelle dans les tableaux. Celles de ses poésies où ce talent est le plus frappant sont le Dernier Jour de l′année , les Feuilles de Saule, la Chambre de la Châtelaine. Dans ce premier recueil cependant elle emploie rarement ces épithètes qui peignent matériellement les objets, en indiquent la forme ou la couleur, et servent à faire image ; mais elle sait suppléer à ce moyen par un choix savant de mots et par une grande justesse d’expressions.

Son rhythme n’est presque jamais heurté ; on y rencontre fort peu d’hémistiches brisés, de vers enjambés, et l’on serait fâché d’en trouver, car cela ferait un contraste trop grand avec l’ensemble de sa poésie ; il faut que toutes les parties d’une chose s’accordent entre elles, un trait qui embellit un visage, sur un autre paraîtrait disgracieux ; et le rhythme brisé, qui convient si bien à Hugo, serait comme un son faux dans les vers de Mme Tastu. Sa poésie est un instrument dont l’un des charmes principaux est une harmonie parfaite, toutes les notes en sont mélodieuses, et un mouvement plus pressé, une mesure moins égale, pourraient blesser l’oreille. Elle a cependant quelquefois un rhythme plus heurté, surtout dans les Scènes de la Fronde et dans Peau d’âne, mais cela prouve justement son tact exquis ; dans ces deux poëmes, elle prend un autre style, elle doit changer de marche en changeant de manière et de couleur.

Trois ans après la brillante apparition de ses premières poésies. Mme Tastu publia les Chroniques de France (un vol.