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Un vieillard, que la mort a pris*. 11 nous avait prêté une somme, a Vous me la rendrez, disait- il, quand vous serez riches. » A deux ans de là, nous n’étions pas riches, mais nous la lui avions rendue. C’était encore un de mes parents, homme d’honneur et de profond savoir. Que d’affection dans ce cœur maintenant glacé, et dans celui de ses filles! Une d’elles m’offrit à mon départ une somme, le tiers de sa petite fortune d’alors. Elle me l’offrit avec une simplicité si noble, si délicate, que je l’acceptai. Chère Betzi, un lien durable nous unit. Qu’aurait fait de plus une sœur ? Mon Dieu, soyez propice à ceux qui restent 1

Pour quitter Lyon, il fallut tout vendre, il fallut su¬ bir des douleurs en détail. Je vis emporter les premiers meubles, ce fut pour moi tout mon passé qui s’en allait ; je restai pâle, atterrée. Puis je mis une précipitation étrange à hâter la vente de tout le reste ; et je ne sentis quelque repos que lorsque je pus errer dans l’appartement bien vide, bien nu. Tu y errais avec moi, Paul ; nous aidons des rires bizarres souvent, une gaieté qui faisait mal. a Plus de marbre pour vous inquiéter, c’était toi qui parlais. Vos enfants courent libres. A quoi bon des glaces, des meubles? Tout cela ne donne que de mesquines sollicitudes ; voyez si l’on n’est pas bien assis là. » Et les froids carreaux nous reçurent tous deux. Une nuit, je dormis avec délice sur des matelas étendus à terre.

Enfin, je partis avec les miens. Cette route de Lyon à Paris fut courte. J’aurais voulu qu’elle durât des années. Tant qu’on roulait dans cette voiture, on n’avait à s’occuper de rien, on restait sous l’empire de l’illusion. Ma première nuit fut presque calme. Nous avions disposé


M. Viricel, frère du célébré médecin de ce nom.