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LE MELROSE.

Au golfe d’Albenga, la lune belle et pâle,
S’avançant sur les mers en reine orientale,
A travers les rameaux d’un grand melrose en fleur,
Laissait tomber du ciel ses perles de blancheur.
Un rossignol gardait, sur une branche amie,
Sa flottante famille à ses chants endormie :
Et Ton voyait briller sur le ntd gracieux,
Parmi les fleurs de l’air les étoiles des cieux.
Dans la nuit embaumée, au pied du haut melrose,
Reposait un enfant sur sa couche de rose :
Sa mère, près de lui’, chantait un air si doux
Qu’on l’aurait cru bercé par un ange à genoux ;
Et la mère, et l’oiseau que la brise balance,
De la plage muette enchantent le silence :
Arrêtent le pêcheur sur l’onde, et tour à tour
Changent en harmonie un ineffable amour.

  • Dors, mon fils ; que toujours ces rameaux, heureux voiles,

«Sans dérober ton frontaux baisers des étoiles,
« Te protègent : bercé par ces flots murmurants,
« Que ta vie ait encor des Sots plus transparents.
«Que chacun de tes jours, harmonieuse fète,
«Ressemble au nid d’oiseau qui cbante sur ta tète ;
« Et ne connaisse pas l’orage de douleurs,
« Qui s’élève sur nous après le mois des fleurs ! »
Et l’oiseau de ses chants, sur son nid qui sommeille,
Jette aux échos du ciel la sonore merveille ;
Ou mourant de langueur, de ses accords changés
Traîne en soupirs plaintifs les refrains prolongés.
«Dors, mon enfant : c’est l’heure ou l’on voit sous le saule
«Étinceler d’amour le ver luisant qui vole.
«Dors ; je t’ai consacré les veilles de mon cœur :
« La nuit n’a pas de rêve égal à mon bonheur!
« Comme l’enfant Jésus rayonne sur sa mère,
«D’un souris de mon fils tout mon être s’éclaire ;
« C’est mon astre, mon ciel, mon ange le plus beau ;
« L’horizon de ma vie est autour d’un berceau.
Et l’oiseau de ses chants, sur son nid qui sommeille,
Jette aux échos du ciel la sonore merveille ;