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Et tu gémis, semblable eu ton vol gracieux A la Péri qui pleure à la porte des cieux :

Car ton regard, ainsi que tout regard poëte,

Cherche au secret du cœur son soleil et sa fête ;

Car ton sort est le notre—et nous-mème un instant’» N’avons-nous pas les fleurs de ton berceau flottant? Comme toi, sur nos fronts élus de l’harmonie, N’avons-nous pas le ciel de notre Océanie,

De nos chanteurs ailés le poétique essaim,

Et la perle cachée au fond de notre sein ?

Nos étoiles, le soir, livrant vierges, et blondes.

Leur image tremblante aux caresses des ondes :

De rayons souverains couronnant leur front pur»

Ou donnant deux à deux dans leur couche d’azur ? Tout cet éclat d’amour, ce luxe d’allégresse Tout cc premier Édcn, parfumé de jeunesse ;

Ce concert idéal, dans notre âme entendu,

Cc paradis du cœur qu’Êve n’a pas perdu :

L’espoir, Tardent espoir..*. Mais de sa main sauvage Déroulant de nos jours les anneaux d’esclavage.

Le malheur vient briser tous ces fils transparents,

Dont un sylphe tramait nos rêves enivrants ;

Montrer à notre orgueil nos vêtements de fange,

Nos flétrissures d’homme à nos regards d’archange.. Car voilà l’existence ! A peine sur le seuil »

De ses songes de fête on se réveille en deuil.

Depuis l’heure où Tenfant que berce un doux présage, Dort, le front appuyé sur les fleurs de son âge, Jusqu’au jour où finit, lugubre et solennel.

Notre exil commencé dans le flanc maternel,

Nous fécondons de pleurs notre terre importune :

Nous sommçs tous au cœur marqués pour Tinfortunc ! En vain, l’homme trompantson invincible effroi»

Sur le stygmate impur jette un manteau de roi ;

En vaiu .pour se cacher la plaie expiatoire,

11 aveugle scs yeux des éclairs de la gloire ;

Ou plus grand » et couvert des voiles de L’autel,

Croise ses bras souffrants sur le signe mortel ;

Rien ne peut effacer la formidable tache.

Aux amours qu’il poursuit sa blessure s’attache :

Et l’on ne suit le char du sublime vainqueur Qu’à la trace du sang qui tombe de son cœur!