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recherches. Elle écrivait pour la Revue française des articles souvent remarquables par la profondeur et la solidité. Peu de personnes savaient que ces pages d’une savante analyse ou d’une consciencieuse érudition sortaient de la plume d’une jeune femme, et ceux qui l’ignoraient ne l’auraient pas deviné[1].

Mme Éliza Guizot écrivit aussi, en 1828, pour la Société des traités religieux, deux petits contes (le Maître et l’Esclave, et l’Orage) qui rappellent la manière de miss Harriet Martineau ; un autre conte (l’Effet d’un malheur) a été joint aux derniers ouvrages de sa tante, Mme Pauline Guizot, et ne leur est pas inférieur.

Deux ans s’écoulèrent ainsi entre de sérieux travaux, de charitables occupations et le soin de sa petite fille, née en 1820 ; je citerai en témoignage cette lettre, écrite pendant une absence de son mari : « Je vais travailler pour passer le temps ; j’ai un article sur les poésies d’Uhland pour le prochain numéro de la Revue ; je ferai des notes ; puis je reprendrai mes Gaulois, et j’écrirai la guerre de César. Quand il fera beau le soir, j’irai me promener avec Henriette ; mes sorties du matin seront pour ma salle d’asile et mes pauvres : voilà ma vie. » (Lettre écrite le 15 juin 1830.)

M. Guizot s’était rendu à Nîmes ; il s’agissait de la réélection des 221, qui, comme on le sait, détermina les ordonnances, et, par suite, la révolution de juillet. Cette révolution, qui suivit de près le retour de M. Guizot, le porta bientôt au ministère. Peut-être pensera-t-on que ce changement de situation dut produire un grand effet sur cette jeune femme, transportée tout à coup du modeste appartement de l’homme de lettres dans l’hôtel du ministre ? Eh bien, non ! elle jette autour d’elle un regard un peu étonné, sourit, et rentre dans son calme habituel.

  1. Voyez la note à la fin de l’article.