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tellectuelle ; que les principes les plus austères peuvent s’allier chez une femme aux affections les plus tendres ; la plus fervente piété à l’esprit le plus indépendant ; un savoir réel et solide à une absence totale de prétentions ; des facultés brillantes à une vie utile et modeste.

Marguerite - Andrée - Éliza Dillon naquit à Paris, le 30 mars 1804. Son père, Jacques Dillon, était issu d’une branche des Dillon d’Irlande, qui avait suivi en France Jacques II, roi d’Angleterre. Cette branche s’était établie à Naples, où elle avait pris du service. M. Jacques Dillon fut envoyé en France par le roi de Naples avec une mission scientifique. Il suivit les cours de l’école polytechnique, devint ingénieur des ponts et chaussées, et se fixa en France, où son caractère honorable et ses talents le firent bientôt distinguer. Parmi les travaux dont il fut chargé, on peut citer la construction du pont des Arts et celle du pont d’Iéna. Il épousa, en 1803, Henriette de Meulan, sœur cadette de Mlle Pauline de Meulan, déjà célèbre par ses écrits. Le bonheur qui suivit cette union ne fut pas de longue durée. M. Dillon mourut en 1807, laissant sa femme sans fortune, et chargée de deux filles en bas âge. La jeune mère entreprit seule leur éducation. Austère, simple, tendre, douée de cet esprit délicat et cultivé qui semble un apanage de la famille de Meulan, elle devait être pour ses filles la meilleure des institutrices, et jamais élèves ne furent plus dignes de ses soins. La jeune Éliza surtout, manifesta de bonne heure une intelligence peu commune et une extrême ardeur pour l’étude. C’était une nature énergique, et j’ajouterais passionnée si, dans l’acception actuelle, ce mot ne donnait l’idée d’un entraînement sans règles et sans mesure vers ce qui nous plaît : ce n’est point ainsi qu’il faut l’entendre en l’appliquant à celle dont je parle. Elle ne pouvait à la vérité ni vouloir, ni aimer faiblement ; mais