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née de M Uc de Meulan, et qui se rattachait plus directe¬ ment au monde de la Décade, tentait vers cette époque dans ses Lettres à Cabanis sur la Sympathie une analyse, à proprement parler philosophique, sur les divers sen¬ timents humains. Dans cet essai trop peu connu, il se¬ rait possible de noter quelque trait qui se rapprocherait du genre de M,,c de Meulan, celui-ci par exemple, que « l’esprit est comme ces instruments qui surchargent et « fatiguent la main qui les porte sans en faire usage. » Mais en général la méthode est distincte et même oppo¬ sée. Une certaine passion, comme chez Helvétius, du bonheur universel, une croyance animée au vrai et un zèle de le produire (qui n’était pas encore venu à M,,c de Meulan), émeuvent cette lente analyse, circulent en ces pages abstraites, y mêlent en maint endroit la sensi¬ bilité et une sorte d’éloquence qui touche d’autant mieux qu’elle est plus contenue. Que le portrait de l’homme bienveillant et sensible a d’attrait austère 1 Et toutes les fois qu’elle a à s’occuper de l’amour, avec quelle complai¬ sance grave et triste elle le fait ! et comme cette coupe enchantée qui termine trahit bien l’irrémédiable regret jusqu’au sein des spéculations de la sagesse. Mme de Con¬ dorcet avait reçu la passion et le flambeau du dix- huitième siècle. M Ilc de Meulan n’en avait que le ton, le tour, certaines habitudes déjuger et de dire ; la passion, à elle, devait lui venir d’ailleurs.

11 serait agréable à coup sûr, mais trop minutieux et trop long, de relever dans les articles non recueillis de M“ c Guizot la quantité de droites et fines observations dont elle a marqué chaque auteur. Quoique la critique littéraire ne soit jamais le principal pour elle, elle y a laissé des traces que je regretterais de voir à jamais ef¬ facées. Duclos n’a jamais été mieux atteint de tout point que dans un feuilleton du 6 août 1810 ; Boileau est