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sont propres à briller dans un grand nombre de genres littéraires, mais il en est certains dans lesquels les hommes doués de l’esprit le plus vif et le plus délicat ne les égaleront jamais. Il est facile de conclure de là que si leur, aptitude aux formes et aux combinaisons de la pensée n’est pas complète et universelle, celle des hommes ne l’est pas non plus, et que le goût sévère qui prescrit quelques limites à leurs études et à leur imagination, n’est pas plus indulgent pour les hommes que pour elles. Cette supériorité encyclique, qui plane avec liberté sur tous les domaines de l’intelligence, n’est pas l’attribut d’un sexe ; elle n’appartient ni à l’un ni à l’autre, et il n’y a point de honte à subir une loi que les génies les plus accomplis ont subie, et qu’ils subiront toujours.

Nous irons plus loin. La théorie trop étroite peut-être, mais exacte et judicieuse dans son principe, qui restreint à un ordre déterminé de genres et de sujets les travaux intellectuels des femmes, est si loin de porter préjudice à leur gloire qu’on la croirait faite au contraire pour en augmenter l’éclat ; l’heureuse appropriation des facultés de l’écrivain à la matière qu’il traite, est la première condition de son succès, parce qu’elle est la première condition de son talent. Pour qu’un ouvrage d’esprit soit estimable, et surtout pour qu’il soit excellent, il faut qu’il révèle à un haut degré le caractère moral et, pour ainsi dire, la vie intime de son auteur ; il faut, si on veut bien nous permettre de recourir à une assez mauvaise locution du temps, qu’il ait reçu l’empreinte ou le cachet de son individualité. Cette sympathie de l’âme avec son œuvre,