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temps, elle décrivit tour à tour l’orgueil des rangs, les intrigues de cour, les délices de la solitude, les jouissances, les tourments de l’amour maternel.

Eh bien, il est de nos jours, et nous rencontrons sou¬ vent dans nos cercles, une femme qui, sans y songer, réunit, pour ainsi dire, à elle seule, ce qui composait le mérite des deux femmes que je viens de citer. Jamais on ne cacha sous le voile de la modestie un plus grand amour des hautes sciences, un savoir plus profond et plus varié, fruit de longues et d’austères études. Jamais surtout on n’expia les rares avantages de la supériorité par une simplesse plus touchante, par une bonté plus communicative… Et cette femme, dont il est si profitable et si doux pour le moraliste observateur d’étudier les mouvements de l’âme, l’inaltérable raison, la grâce naturelle et l’imagination féconde…… c’est Mme Anne-Alexandrine Aragon.

Je la vois rougir, en m’entendant prononcer son nom et révéler ici tous ses droits à être classée parmi les femmes célèbres de notre époque ; mais dussé-je faire souffrir sa modestie, je prétends prouver ce que j’avance par la récapitulation des productions qui déjà signalent cette femme de lettres.

Mme Aragon naquit au sein de la philanthropie. Mme Gloux, sa mère, dont on ne saurait trop honorer la mémoire, fut la fondatrice du bel établissement de Sainte-Périne de Chaillot, devenu l’asile de tant de personnes recommandables. Ce fut là qu’on vit la jeune Alexandrine se livrer à l’étude des langues étrangères, qui depuis lui fit publier l’Histoire d’Angleterre, traduite de Goldsmith, et qu’elle continua jusqu’à l’époque de la mort de Napoléon : cet important ouvrage, composant 6 vol. in-8e, parut en 1825.

Deux ans après, Mme Aragon fit paraître, en 3 vol.,